Le rating des Etats européens sauf Allemagne et sa zone économique est abaissé. Avec perspective négative. Celui des USA l’ était déjà. Aucun effet apparent sur les marchés: actions et obligations s’ améliorent. Comme toujours, c’ est le « fait accompli ». Grâce à l’ « erreur » commise par SPII le 10/11 en l’ annonçant prématurément, c’était déjà dans les cours. Bon boulot pour éviter les chocs. D’où les cocoricos en France pour expliquer qu’ il s’agit d’ un non événement. En plus, les accords de swaps entre la BCE et la Fed, et les rachats d’ emprunts publics Italiens et Espagnols par la BCE ( le SMP), entraînent une embellie sur les taux et les souscriptions aux nouvelles émissions. Tout baigne pour le moment, tant que la BCE aura encore de la place dans son bilan pour y loger des créances dont les marchés ne veulent pas.
Aux USA, l’ année électorale commence. La Fed y participe. Un QE 3 est clairement dans les cartes, comme le SMP en Europe. C’est la meilleure explication de la petite reprise boursière. L’ injection de crédits publics a toujours stimulé la bourse. Même si le chômage et les prix de l’ immobilier (le pilier du patrimoine des ménages) demeurent dans le creux sans reprise en vue. Mais cela crée un effet richesse qui peut rapporter des voix au candidat sortant.
Nous avions indiqué que les indices avaient un peu de place pour remonter. A Paris, un CAC vers 3400 est l’ objectif. On peut y arriver très vite. Mais, ….
1 : l’ analyse graphique continue d’ anticiper un retour vers les plus bas de 2009 sur le CAC et sur Wall Street. Et les volumes ne montrent toujours pas de retour des vrais investisseurs vers les actions. Ils demeurent inexistants à moins de 2,8 milliards/jour à Paris; même situation à New York. La hausse actuelle parait encore artificielle , un « bull trap ». Les salles de marché essayent de créer de l’ agitation pour faire des commissions. C’est leur métier… De plus les banques demeurent fragiles, à la merci de la moindre rumeur. La recapitalisation d’ Unicrédit s’ est mal passée, ce qui augure mal des autres. Et la revente de RBS par le gouvernement Britannique ne se passe pas du tout. Les marchés ne monteront pas durablement sans le secteur bancaire, et ce n’ est pas fait.
2 / les QE et autres outils de la panoplie des Banques centrales ne changent pas la réalité. Comme « l’ erreur » de SPII le 10/11 dernier, ils permettent seulement d’ amortir les chocs. Mais pas d’ inverser les tendances qui ressortissent des lois de l’ économie et du rapport des forces sur les marchés. L’endettement est toujours insupportable et hors contrôle pour les consommateurs et les Etats. Il faut le diminuer. C’est la condition d’une reprise de la croissance. Seule l’ Allemagne tient son budget public sous contrôle, les autres essayent seulement de réduire leur déficit.
3 ; La dépression diminue les recettes fiscales et le chômage tétanise les consommateurs qui reviennent aux vieux principes de l’ économie ménagère: épargner. Seule une reprise des investissements , et non pas de la consommation permettrait le retour à une croissance. Elle viendra automatiquement car les équipements finissent par s’user, et les nouvelles technologies les rendent obsolescents. Mais pour l’ accélérer, il faudrait la volonté politique d’ en faire le choix, comme l’ Allemagne de Mr. Schröder qui en accepta le prix électoral, ou celle de Mr. Kohl qui sut convaincre ses électeurs de faire les efforts importants pour reconstruire l’ Allemagne de l’ Est. Les fruits furent longs à murir, mais ils sont là. A contrario, le discours électoral en France et aux USA ne va pas dans ce sens, et les programmes du genre « tax and spend » fleurissent partout. C’est donc en 2013 au plus tôt que le monde Atlantique s’ y attellera . Peut-être. Avec le secours de l’ inflation. Peut-être. Et sous la contrainte de ses créanciers asiatiques et Moyen Orientaux. Sauf si ceux-ci avaient un pressant besoin de protection contre une guerre. Cela explique la bonne tenue du $. C’est pourquoi ce risque doit rester en vue, cygne noir (voir notre post) dont nous parlons depuis 3 mois. Il est improbable que l’ embargo contre les ventes de pétrole par l’ Iran n ‘entraîne pas des conséquences militaires. Comme celui contre le Japon en 1941 (rappel: après que celui-ci eut pris l’ Indochine, les USA le mirent sous embargo pétrolier; on connait la suite). Les cours baissent toujours quand la guerre menace; on n’ achète qu’ au son du canon.
Conclusion: il n’y a toujours pas de signe de reprise économique en Occident. Les grandes multinationales font leurs profits sur les zones en croissance de l’ Asie, Afrique et Amérique du sud. Même si les cours actuels semblent caractéristiques des sorties de crise boursière, il est probable qu’ on verra des cours beaucoup plus bas à l’ occasion d’un dernier krach. Nous restons incrédules devant l’ embellie actuelle: elle nous semble faite à la main pour un usage médiatique.