Le baromètre 2010 sur les drogues au travail

Publié le 17 janvier 2012 par Claire Romanet

Qui a dit que les maçons étaient portés sur la bouteille ?  Les intermittents du spectacle accrocs au cannabis ? Et que les publicitaires avaient tendance à se repoudrer le nez un peu trop souvent ? II faut bien l’avouer, les clichés qui règnent autour de certaines professions ne manquent pas ! L’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (INPES) a publié lundi les premiers résultats de son baromètre santé 2010 consacré à la consommation de substances psychoactives en milieu professionnel.  Qu’en est-il vraiment ?
Tout d’abord, on constate que la drogue au travail n’épargne plus aucun secteur d’activité, plus aucune couche sociale. Selon l’étude, les salariés du secteur de la construction (32,7%) et de l’hôtellerie-restauration (26%) sont parmi les plus gros consommateurs de substances psychoactives.
En matière d’alcool, le secteur de la construction arrive donc en tête avec  32,7 % des professionnels qui déclarent avoir bu au moins six verres en une occasion au moins une fois par mois, devant ceux des secteurs de l’agriculture et de la pêche (30,7%), des secteurs de l’industrie (26,2 %) et de l’hébergement et de la restauration (26,9 %) alors que cette proportion est de 19,2 % pour l’ensemble des actifs.
Pour le cannabis, le secteur des arts et spectacles fait honneur à sa réputation avec 16,6% de consommateurs dans l’année (contre 6,9% pour l’ensemble des actifs), devant la construction (13%) et l’hôtellerie et la restauration (12,9%).
Quant à la cocaïne, cette substance a été consommée au moins une fois dans leur vie par 9,8% des représentants du secteur des arts et spectacle (encore eux !), 9,2% dans l’hôtellerie-restauration, 6,9% dans l’information-communication, 5,6% dans la construction, contre 3,8% par l’ensemble des actifs.
Les professions où le stress et la pression sont très présents comme les traders, les cadres de la publicité ou du marketing avouent également consommer de la drogue pour tenir la cadence au travail.
Selon le docteur Michel Hautefeuille, psychiatre à l’hôpital Marmottan, ces néo-consommateurs ont tous en commun l’usage de la cocaïne comme stimulant pour assurer au travail. « Ils vont utiliser des micro-doses de cocaïne pour avoir un état de vigilance constant ou d’excitation sur toute la journée de travail. Mais je suis toujours étonné par ces patients qui m’expliquent qu’ils travaillent dans des open spaces où tout le monde est sous le regard de tout le monde et qu’ils prennent ces micros doses de cocaïne sur leur bureau. Il n’y a personne qui voit ou personne qui veut voir », explique ce médecin spécialiste de l’addiction.
Selon le psychiatre, les entreprises ne réagissent pas suffisamment car dit-il, « c’est bien pratique d’avoir des salariés très motivés, très performants » même si cet état euphorique est souvent très éphémère.
On notera tout de même que certaines entreprises ont pris ce problème au sérieux, c’est la cas de la SNCF qui a mis en place un dépistage annuel obligatoire depuis 2004 pour les 75.000 conducteurs de trains ou aiguilleurs. Cette prise en compte a permis à la SNCF d’obtenir de bons résultats : il y a huit ans, 1.200 agents se droguaient. Ils sont deux fois moins aujourd’hui.
Enfin, et heureusement, quatre secteurs apparaissent comme de bons élèves en matière de consommation de drogues: l’administration publique, l’enseignement, le milieu de la santé et de l’action sociale ainsi que les activités de services des ménages (femmes de ménages, cuisiniers, concierges, garde d’enfants…).
Ce baromètre, le premier du genre, a été mené du 22 octobre 2009 au 3 juillet 2010, par téléphone, auprès de 27.653 personnes âgées de 15 à 85 ans, dont 14.835 actifs occupés.
Une chose est sûre, ces résultats ne vont pas améliorer l’image de certains secteurs… Vous avez dit cliché ?

Sources : Europe1.fr, Lefigaro.fr