Après Londres, Stockholm, Sydney et bien d'autres, c'est au tour de la belle milanaise ! Depuis lundi matin, tous les automobilistes doivent payer un péage de 5 € pour pouvoir accéder au centre de Milan. Le péage urbain est-il une fausse bonne idée ?
Le nouveau dispositif mis en place par la municipalité depuis lundi matin pour réduire le trafic et la pollution est loin de faire l'unanimité auprès des résidents. La mairie de Milan espère une diminution du trafic de 20 à 30% dans le centre, soit près de 30.000 voitures en moins (seules les voitures hybrides ou électriques sont autorisées) dans le but principal de réduire la concentration de particules fines dans l'air, qui dépasse régulièrement le seuil légal.
A priori, d'un point de vue purement environnemental, l'idée du péage urbain est bonne car les études montrent que cette mesure diminue fortement l'usage de la voiture. Néanmoins, contrairement à une idée très répandue, les citadins polluent moins que ceux qui vivent à la campagne.
De nombreuses réticenses
Ainsi, cette mesure n'est efficace que si l'offre de transports publics est en contrepartie satisfaisante à un tarif compétitif. Il est évident que si la personne doit absolument se rendre d'un point A à un point B pour des raisons professionnelles supposons, et qu'elle a le choix entre une ligne de bus lente et bondée ou le paiement de 5 euros pour circuler à sa guise dans un centre où la circulation est plus fluide, il choisira sans doute la deuxième option. C'est pourquoi cette politique est largement critiquée pour son aspect discriminant. En effet, les citadins qui vivent à la marge, en banlieue, et qui sont moins argentés, se trouveront davantage pénalisés par ce dispositif. Ceux pour qui le péage urbain ne représente pas un frein financier (et qui de surcroit ont peut-être les voitures les plus polluantes !) vont continuer d'utiliser leur voiture.
Mais Milan semble avoir bien saisi ce problème. Comme Londres, la ville s'est engagée à réutiliser les recettes récoltées pour développer le réseau de transports en commun.
Futures expérimentations en France
En France, le Grenelle de l'environnement avait évoqué l'instauration d'un tel système pour la ville de Paris, mais les réticences étaient alors nombreuses, à gauche comme à droite. Le 16 juin 2010, 14 députés et sénateurs ont adopté une disposition permettant des expérimentations dans les villes de plus de 300 000 habitants. Mais un sondage réalisé auprès des principales villes concernées suggérait que les résidents n'étaient pas encore prêts. Toulouse, Bordeaux, Lyon, Rennes, Strasbourg ou Grenoble ont conséquemment balayées cette possibilité. De même, la Mairie de Marseille, qui doit finir de construire son périphérique extérieur en 2016, n'envisage pas de péage urbain.
Pour l'heure, les résidents du centre-ville milanais sont sur le pied de guerre, et ce, malgré les tarifs préférentiels que leur a accordé la mairie. Soutenus par l'opposition de droite, ils multiplient les actions de protestation estimant qu'il est dans leur "droit de rentrer à la maison comme et quand ils le veulent sans avoir à payer une taxe et sans contrôler leur montre", a ainsi déclaré le comité de défense "Residenti no charge".
Bien que la voiture ne soit pas la seule responsable de la pollution urbaine, cette initiative montre que les communes ont de plus en plus conscience de la nécessité d'agir en faveur d'un abandon progressif de l'usage de véhicules polluants en ville. Et comme le montrent les études réalisées dans les villes à péage, elle a le mérite de stimuler l'offre de transports durables.
Olivia Montero