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« Regards sur la Rue », une performance urbaine de Tabadol

Publié le 17 janvier 2012 par Libalel
« Regards sur la Rue », une performance urbaine de TabadolDes jeux d’ombre et de lumière, des scènes intimistes, théâtrales et musicales, la performance «Regards sur la rue» propose d’investir l’espace urbain comme terrain d’expression et d’expérimentation à travers un parcours dans les rues Hamra et Spears, autour de la Zico House. Le spectateur averti ou celui qui tombe par hasard sur cet attroupement de personnes, tenant de petits panneaux demandant aux voitures de ne pas klaxonner, se laisse alors guider par d’étranges personnages à travers la rue pour en découvrir ses recoins – ceux auxquels nous ne prêtons pas attention au quotidien : un trottoir, un muret, une porte de garage, une ruelle entre deux immeubles en construction, un parking.. Fruit d’une rencontre entre l’association française Tabadol et des artistes libanais, la performance est l’aboutissement d’une collaboration de plusieurs semaines entre des artistes de différents domaines, venus de Lyon et de Beyrouth, partager leur expérience. La rue comme espace politique, terrain de création et de rencontre, tout l’enjeu de cette performance est d’en faire une zone de dialogue et d’expression.  Interview collective.

Pouvez-vous me parler de Tabadol et du parcours qui vous a mené à Beyrouth ?

Tabadol constitue des projets à vocation culturelle et environnementale qui font se rencontrer et travailler ensemble des personnes de milieux sociaux et culturels différents afin de remettre en question les notions d’identité, de territoire, de communautarisme.
En 2009, Tabadol a réalisé deux projets qui se sont déroulés à Chabtine, un village au Nord du Liban et à Beyrouth. Le premier a permis à des français et à des libanais de rénover un sentier de randonnée. Le deuxième a permis la réalisation d’une pièce de théâtre franco-libanaise autour de la question de l’identité.
Ces deux projets nous ont donné l’envie de pousser plus loin l’aventure humaine et artistique. Nous avons décidé de mettre en place « Regards sur la rue ». Le projet a fait se rencontrer cinq artistes français et cinq artistes libanais à Beyrouth dans un premier temps. La thématique de la rue a été choisie car c’est un espace public, le lieu des déplacements, des échanges, des croisements : un terrain propice pour explorer les questions d’identité, de culture et de territoire en croisant nos regards et disciplines artistiques.
Le projet « Regards sur la rue » ne se termine pas à Beyrouth. Les artistes libanais seront accueillis en France en février 2012 pour un nouveau mois de collaboration qui pourra partir ou non des matériaux, des idées et des travaux réalisés à Beyrouth, en s’inspirant cette fois-ci des rues de Lyon. Cette deuxième étape du projet est la condition d’un échange culturel exigent qui permettra à l’ensemble des participants d’élargir le champ des questionnements liés à la rue. 
« Regards sur la Rue », une performance urbaine de Tabadol
Comment s’est initiée et déroulée cette collaboration avec des artistes libanais, comédiens, graphistes et vidéastes ? 

Nous nous sommes tous rencontrés à Beyrouth. Nous avons passé une première semaine de workshops et de brainstormings pour partager à la fois nos pratiques, nos points de vue, nos idées, nos désirs.
Les deux semaines suivantes ont été consacrées à la réalisation des projets nés de ce premier temps de rencontre. Vidéos, photos, scénographie, pièces de théâtre, déambulations impromptues, danses improvisées, affiches, happenings, cartographie subjective, etc.
La rencontre de février est importante car c’est une nouvelle étape de collaboration, dans un cadre culturel différent qui nourrira nos échanges artistiques et humains de nouvelles données, sensations, réflexions, projets….

« Regards sur la Rue », une performance urbaine de Tabadol

Un travail sur la rue, comme espace politique et citoyen, et comme terrain d’expression et de création : en quoi Beyrouth est un lieu propice à une telle réflexion et à une telle performance ?
L’enjeu de ce mois à Beyrouth a été de lier la question de la création à la question de l’espace de la rue, de lier art et politique. Que déclenche un acte artistique dans la rue ? Que vient-il révéler ? Pourquoi choisir cet espace ? Parler de la rue à l’intérieur, parler de la rue dans la rue, parler d’autres choses dans la rue, toutes ces possibilités ont nourri le travail.
Beyrouth, par son architecture qui mêle les époques, qui garde des traces de tout son passé, nous a beaucoup interrogés. Elle nous a interrogé sur l’absence, la trace, ce qui gît là et ce qui naît, comme un choc des temporalités. Beyrouth invite à s’interroger sur le temps. Par son cosmopolisme religieux et culturel, elle nous a amenés à questionner son organisation, sa représentation. Comment vit-on Beyrouth ?
Au delà de la singularité de la ville de Beyrouth, la rue (ici et ailleurs) est par essence un espace citoyen et politique. C’est l’espace qui reflète l’état de santé d’une ville, d’une société.  C’est en cela qu’elle est un espace qu’il est nécessaire d’investir artistiquement pour faire surgir les questions importantes,  interpeller tout un chacun. C’est le lieu où il est possible d’abolir les cloisonnements qui peuvent séparer les citoyens et les habitants d’un même territoire.

« Regards sur la Rue », une performance urbaine de Tabadol

 Que garderez-vous de cette expérience collaborative ? Que garderez-vous de Beyrouth ?
De Beyrouth : des images, des sensations, des questions. De cette expérience de travail : l’envie d’approfondir notre collaboration, d’investir davantage la rue.
Interview et photos par Simon Pochet
___________Plus d’infos sur la site de Tabadol

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