22 benzodiazépines sur le marché français, à 50 % anxiolytiques et à 40% hypnotiques, 134 millions de boîtes vendues chaque année, consommées par un Français sur 5, ce qui fait de la France le second consommateur européen de psychotropes. Cette trop forte consommation française et les nombreux risques associés à ces médicaments, troubles de la mémoire et du comportement, dépendance psychique et physique, voire démence, incitent l'Agence française du médicament à limiter par de nouvelles mesures l'usage extensif de ces molécules et à en renforcer le bon usage en communiquant auprès des professionnels de santé et en sensibilisant les patients.
Indiquées dans le traitement de l'anxiété, des troubles sévères du sommeil, de l'épilepsie ou des contractures musculaires douloureuses, les benzodiazépines agissent sur le système nerveux central et si elles restent nécessaires pour de nombreux patients, elles présentent des risques, en particulieret sous réserve des études en cours, un lien probable avec la démence (et avec l'Alzheimer). Si depuis les années 1990, de nombreux travaux ont souligné le niveau élevé de consommation de psychotropes en France, en particulier les anxiolytiques et les hypnotiques, depuis 10 ans, leur consommation diminue légèrement (-1,8%/an). Consommées à 60 % par des femmes, leur consommation augmente avec l'âge...
Des risques élevés chez les patients âgés: Les effets indésirables sont alors essentiellement psychomoteurs et cognitifs, avec l'augmentation des risques de chutes et de fractures, la perturbation de la mémoire à court terme, de la mémoire de rappel, un ralentissement dans l'apprentissage d'une nouvelle information, des performances verbales ainsi qu'un risque de déclin cognitif. De nombreux autres risques sont signalés dont la pharmacodépendance.
Un usage abusif, détourné, voire criminel : Au-delà, d'un champ de prescription trop large, ces psychotropes sont l'objet d'usage abusif, voire criminel et de détournement, précise l'Afssaps. Les benzodiazépines et apparentées font l'objet d'une surveillance active par les Centres d'Évaluation et d'Information sur la Pharmacodépendance (CEIP), le réseau d'addicto-vigilance de l'Afssaps. 3 types de risques ont été rapportés,
- le risque d'abus, de dépendance et d'usage détourné, notamment par les toxicomanes,
- le risque d'usage criminel, en particulier de soumission chimique ;
- le risque de prescription hors-AMM.
Ce sont les benzodiazépines qui sont les substances les plus fréquemment impliquées dans les cas de soumission chimique ou l'administration est effectuée à des fins criminelles (viols, actes de pédophilie)
ou délictuelles (violences volontaires, vols).
Mieux surveiller, mieux encadrer : La surveillance et la recherche doivent donc être développées. L'information et la sensibilisation des professionnels de santé seront poursuivies, recommandant de « peser » la première prescription, de limiter les posologies, de limiter la prescription dans le temps, de ne pas associer plusieurs benzodiazépines entre elles et de réévaluer la pertinence du traitement régulièrement.
Les mesures réglementaires pourraient renforcées avec un encadrement plus rigoureux des conditions de prescription et de délivrance. Ainsi, l'Afssaps étudie les pistes de l'extension de la prescription de l'ensemble des benzodiazépines sur ordonnance sécurisée* et de la réduction de la taille des conditionnements afin de limiter les abus.
* en papier filigrané blanc avec coordonnées du prescripteur, n° d'identification par lot d'ordonnance, carré préimprimé avec précision du nombre de médicaments prescrits.
Source: Communiqué Afssaps
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