L'affaire des implants PIP a « permis » d'évoquer 3 types –principaux- de risque. Celui lié à leur gel de silicone industriel, non médical, qui peut accroître le risque de ruptures et de fuites. Comme tous les implants mammaires, les prothèses PIP peuvent également être associées à un risque très faible mais probable d'un cancer rare, le lymphome anaplasique à grandes cellules (ALCL). Enfin, le 3ème risque évoqué, celui de cancer du sein a été écarté par les institutions de santé européennes, même si, sur les 20 cas de cancers français identifiés chez des porteuses de PIP, 15 cas concernaient la forme la plus courante de cancer du sein. Par ailleurs, le groupe d'experts britannique n'exclut pas que le fabricant n'ait pas changé le contenu des implants et n'exclut pas totalement la possibilité d'un risque génotoxique, écarté par l'Afssaps. D'autres risques n'ont été encore que très peu évoqués comme celui de troubles psychologiques pouvant aller jusqu'à la tentative de suicide. Pourtant 5 à 10 millions de femmes auraient déjà eu recours aux implants mammaires dans le monde. Des millions déjà, avant que l'Agence américaine FDA puisse porter ces premières conclusions, en juillet dernier sur le risque d'ALCL.
Sur l'autorisation des implants PIP, par les différents états, l'Europe aura été le continent le plus touché mais plus de la moitié des implants auront également contaminé l'Amérique du Sud, alors que les Etats-Unis ont su interdire les implants PIP dès 2000, à la suite de l'enquête réalisée par l'Agence américaine FDA au siège français de la société.
Sur le principe du retrait, la question prioritaire pour toutes les femmes implantées avec PIP, alors que l'Afssaps en France recommande depuis fin décembre le retrait systématique à titre préventif, suivi par l'Allemagne, le Royaume-Uni, n'estime pas qu'il soit nécessaire de recommander la suppression systématique de ces implants. Le directeur médical du National Health Institute (NHS), le professeur Sir Bruce Keogh, qui a dirigé le groupe d'experts britanniques a même précisé: «Sur la base des informations dont nous disposons, nous ne pensons pas que la plupart des implants mammaires doivent être enlevés ou remplacés». Néanmoins, le NHS appuie le retrait des implants PIP si les patientes le décident avec leur médecin.
Sur le taux de rupture, qui, dans l'attente d'une explantation, lorsqu'elle est possible, est la seconde question qui travaille les victimes de PIP, les différences dans les données sont larges. Les données contradictoires inquiètent. Alors que l'Afssaps communique au 29 décembre sur 1.143 ruptures recensées sur environ 30.000 implants, soit un taux de rupture de 3,8%, les données transmises par un groupe de cliniques britanniques au directeur du NHS atteignent 8% (depuis 1996). Aux Etats-Unis, l'étude Allergan, prise en compte par la FDA annonce dans les 10 ans qui suivent l'intervention un taux de rupture de 10% des implants affectant environ 20% des femmes. Alors que les implants à solution saline, présentent moins de risque car la solution saline peut être absorbée en toute sécurité, le gel de silicone présente des risques encore d'ailleurs mal évalués mais qui ont justifié l'interdiction de ce type d'implants aux Etats-Unis de 1990 à novembre 2006.
Sur la surveillance des implants, 4ème préoccupation des patientes, alors que les Etats-Unis et le Royaume-Uni recommandent une surveillance par IRM, la France recommande plutôt une mammographie et une échographie mammaire et axillaire. Le diagnostic de rupture est indispensable pour les cliniciens et les patientes car il aboutit à une prise de décision chirurgicale éventuelle mais aussi à la tranquillité d'esprit des patientes implantées. Si l'IRM est l'examen d'imagerie jugé aujourd'hui le plus précis pour l'évaluation des ruptures, les autres types d'examen sont possibles, échographie, tomodensitométrie (scanner) et mammographie – peu sensible et dont les résultats sont jugés non spécifiques dans la détection des ruptures-. Mais, quoiqu'il en soit, même l'IRM reste très peu susceptible de détecter les ruptures silencieuses…A noter, qu'en « temps normal », seuls les Etats-Unis recommandent un contrôle que les femmes avec implants mammaires remplis de gel de silicone passent un IRM 3 ans après l'intervention puis chaque 2 ans.
Sur le remplacement « ordinaire » des implants. La FDA seule a été claire sur ce point. Les implants ne durent pas toute la vie. Une femme sur 2 changera au moins un implant dans les 10 ans. Plus la décision intervient tôt dans la vie, plus il est probable que la patiente devra les faire enlever ou remplacer. Ce n'est donc pas une décision pour une intervention mais pour plusieurs interventions qui est prise au départ. Plus la durée passée avec des implants est prolongée, plus le risque de complications locales et d'effets indésirables l'est aussi…
Sources : Afssaps,NHS, FDA