EMEUTES DU LOGEMENT, POUVOIR D'ACHAT, FLAMBÉE DES PRIX... La rage de dire!
Les partis donnent la nette impression de privilégier ce qui est devenu un fonds de commerce pour les uns et une question d'existence pour les autres. Les Algériens ont recentré les débats sur l'essentiel: la justice sociale, une meilleure qualité de la vie...
Avec l'agrément de certaines formations qui peuvent peser sur l'échiquier politique et le retour du Front des forces socialistes qui est loin de jouer les faire-valoir, les Algériens disposeront d'un éventail inédit de candidats pour choisir et élire leurs représentants à la chambre des députés. Faute de ne pas avoir répondu à des revendications primordiales qui minent le quotidien des citoyens, le Palais Zighoud Youcef pourrait changer de couleur.
Dans le cas d'un tel scénario, ce sont les formations politiques les plus en vue (Front de libération nationale, Rassemblement national démocratique, MSP) qui pourraient en faire les frais essentiellement pour s'être émoussés au contact d'un pouvoir qu'ils ont exercé collectivement et sans interruption depuis plus d'une décennie. Les électeurs détiennent entre leurs mains une carte redoutable: celle de l'abstention. Près de 65% des Algériens ont boudé les urnes en 2007. En feront-ils à nouveau usage? Tout porte à le croire. Cette probabilité est renforcée par le mécontentement et l'insatisfaction constants des citoyens qui ne semblent pas vouloir baisser d'intensité.
La fracture entre ceux qui ont été portés à la tête des institutions de la République (APC, APW, Assemblée nationale...) et leurs administrés n'a pu être réduite. Bien au contraire. Il ne se passe quasiment pas un jour où il n'est pas signalé de mouvements de protestation. Les distributions de logements sont sujettes à des émeutes. Alger, Oran, Laghouat, Béjaïa... n'ont pas été épargnées par la colère alors que l'Algérie profonde continue de souffrir du manque d'approvisionnement en eau, en électricité ou en gaz... Des villages et même certaines grandes villes ne disposent pas d'un réseau routier convenable, voire praticable. Les transports publics y sont défectueux lorsqu'ils ne sont pas tout simplement inexistants...Une conjoncture qui illustre le climat de malaise social qui caractérise actuellement tout un pan de la société algérienne et qui est révélateur du contexte dans lequel va se dérouler le prochain scrutin que d'aucuns annoncent comme étant un tournant décisif dans la jeune histoire de l'Algérie indépendante.
Le rendez-vous peut être historique comme il pourrait tourner en eau de boudin. A qui incombera la faute dans le cas de la seconde hypothèse? A ceux qui ont conduit les affaires du pays mais aussi à ces partis qui n'ont pas fait preuve de propositions ou d'ingéniosité pour sortir l'économie nationale de sa dépendance par rapport aux hydrocarbures mais surtout atteindre l'autosuffisance alimentaire. Cette politique a valu à l'Algérie deux plans de réajustements structurels, sur injonction du Fonds monétaire international, extrêmement draconiens et coûteux sur le plan humain (fermeture d'entreprises, licenciements...).
Aujourd'hui le pays repose sur une manne financière des plus confortables (176 milliards de dollars) grâce uniquement à ses exportations en hydrocarbures et à des prix du pétrole qui avoisinent les 100 dollars le baril (à New York).
Paradoxalement, le quotidien des Algériens est de plus en plus dur. ça coince quelque part. Il y a maldonne... La pratique de la politique en général et celle de la gouvernance en particulier se sont souvent télescopées avec les intérêts personnels. Les Algériens l'ont vécu à leurs dépens. Des réflexes érigés en culture qu'ils ont rejetés et qui ciblent APC, APW... et une APN en mal de crédibilité. En envoyant ce type de signaux aux représentants du peuple, à ceux que le suffrage universel a propulsés vers le sommet des institutions de la République, les Algériens ont exprimé leur ras-le-bol.
Emeutes du logement, revendications salariales, flambée des prix des produits de consommation de base (sucre, huile..) des fruits et légumes, des viandes... A chacun ses priorités, pourrait-on dire. La classe politique a-t-elle pris en compte ces coups de semonce? Pour l'instant rien ne l'indique clairement. Tout semble se jouer sur le terrain de la politique politicienne. Obnubilés par les élections, les partis donnent la nette impression de privilégier ce qui est devenu un fonds de commerce pour les uns et une question d'existence pour les autres. Les Algériens ont recentré les débats sur l'essentiel: la justice sociale, une meilleure qualité de la vie...
La campagne des législatives qui a pris son élan aura comme caractéristique de se dérouler sur fond de protestations et de contestations. A quelques mois des élections législatives, si elles demeurent insatisfaites, les partis risquent de connaître une désillusion retentissante.