C'est le résultat de la nocivité d'une politique soumise à la finance, c'est un fiasco. Ce pouvoir n'a pas les compétences requises pour sortir la France de la crise puisqu'il obéit à la domination financière. Avec l'austérité, c'est la croissance réelle qui va baisser et diminuer les rentrées d'impôts et de cotisations. Pendant ce temps, les énormes cadeaux accordés aux entreprises et aux grandes fortunes comme la suppression de la taxe professionnelle, les 30 milliards d'euros annuels d'exonérations de cotisations sociales patronales ou la baisse de l'impôt de solidarité sur la fortune, continuent. C'est aussi, et surtout, le résultat du soutien massif des banques et de l'activité par l'endettement public aux marchés financiers, sans aucune contrepartie exigée. Ainsi, les grands groupes ont-ils pu continuer de délocaliser et de massacrer l'emploi en France, ou encore accroître la menace de le faire pour pressurer les salaires ; et les banques ont continué de spéculer contre les dettes publiques tout en fermant le robinet du crédit pour les PME. Précisément, les banques françaises viennent de bénéficier, avec leurs principales homologues européennes, de 500 milliards d'euros de prêts à 1% sur trois ans accordés par la BCE. La dégradation de la note de la France va contribuer directement à cet enrichissement monstrueux des grands actionnaires des banques du fait de l'alourdissement des prélèvements en intérêts sur ses ressources publiques. Or une hausse de un point du taux d'intérêt payé, du fait de la perte du triple A, augmenterait de 10 milliards d'euros la charge de la dette cumulée sur cinq ans. L'obsession primordiale de la baisse de la dette, des déficits et des dépenses publics est incompatible avec l'urgence de répondre aux besoins sociaux.
La raison et la responsabilité à gauche commandent de rompre avec cette obsession. Il faut immédiatement reprendre le contrôle public des banques françaises – c'est indispensable. Au lieu de diaboliser la dette publique, engageons un audit citoyen pour faire la part de la bonne et de la mauvaise dette. La BCE doit décider de créer toute la monnaie nécessaire pour alléger les dettes publiques en France et en zone euro et de créer un Fonds social, solidaire et écologique de développement européen pour financer l'expansion des services publics nationaux et leurs coopérations. Et c'est possible. La BCE peut et doit s'engager à prêter à la France et aux États européens à taux zéro. Pour battre Sarkozy, il faut affronter le pouvoir financier. C'est cette autre logique que porte la candidature du Front de gauche avec Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.