L’écologie, ça eût payé. Mais ça ne paye plus. À mesure que la crise économique prend rapidement de l’ampleur et commence à toucher les individus, les yeux s’écarquillent et les attitudes de consommation changent assez naturellement : oui, tout semble indiquer que pour faire de vraies économies d’énergie, rien de tel qu’une bonne récession carabinée…
On le sait : on va manquer de pétrole. On va manquer de métaux. On va manquer de bois, d’air pur et d’eau potable. Puisque notre consommation ne fait qu’augmenter et que notre planète est finie, nous allons évidemment atteindre un plafond. À la suite de quoi, tout le monde va mourir dans d’atroces souffrances. C’est inévitable.
À moins bien sûr qu’on fasse ici et maintenant des efforts extrêmement importants, flagellation incluse, de réduction de notre consommation. Fini les téléphones portables, fini les ordinateurs branchés sur internet, ce qui m’évitera de lire les commentaires outrés des écolos bobos qui ne pourront pas, sous peine de passer pour de gros hypocrites incohérents, se brancher sur internet pour y déverser leurs remarques idiotes à la suite de ce billet. Fini les voitures à pétrole. Il n’y aura plus que des voitures électriques, dans leur version civico-partageuse, ou avec des pédales, pour les plus acharnés d’entre nous qui ne supportent plus d’aller du point A au point B sans suer à grosses gouttes. Et pour nous assurer de la bonne fin de ces Technologies du Malin, il FAUT que l’Etat intervienne.
Et puis en plus, comme vous le savez tous, le fait de faire des efforts, de brûler du pétrole et d’utiliser des machines pour faire un travail autrement pénible, c’est aussi favoriser le rejet de plein de dioxyde de carbone, qui, comme c’est scientifiquement prouvé, est un gros méchant poison vilain qui pollue beaucoup et, toujours aussi scientifiquement prouvé, provoque un effet de serre qui réchauffe l’atmosphère. Et comme l’Homme réchauffe la Terre (c’est prouvé, je vous dis, ne discutez pas), on doit arrêter nos bêtises illico presto. Il FAUT que le gouvernement intervienne.
Ces messages, relayés ces dernières années par des armées de socialistes camouflés en écologistes avec la foi inébranlable chevillée au corps, sont en train de perdre de leur substance. Il n’y a plus, en fait, réellement besoin d’imposer une diminution des dépenses énergétiques humaines, l’Humanité est justement en train de se calmer un bon coup suite à une crise économique sans précédents.
Et individuellement, chacun se rend bien compte qu’installer, maintenant, une éolienne dans son champ ou des panneaux photovoltaïques sur son toit, c’est bien joli (encore qu’esthétiquement, on puisse en discuter), mais non seulement, ça ne rapporte pas des masses, mais en plus, … ça coûte un pont.
Chaque consommateur, devant une crise qui touche son salaire, ses clients, ses finances personnelles, doit donc couper dans le superflu, justement comme le demandent les décroissantistes les plus furieux. Ça tombe bien, finalement.
Enfin, pas tant que ça puisqu’en définitive, le superflu, c’est — ô stupeur — tout ce fatras techno-écolo de plaques photovoltaïques et de moulins à vent : les ventes d’éoliennes s’effondrent, les panneaux solaires ne se vendent plus, et les entreprises qui les fabriquent licencient à tour de bras (et je ne parlerai pas de Photowatt ici, je l’ai déjà fait là).
Il faut se résoudre une fois de plus à l’évidence : l’écologisme de combat, tel que pratiqué en Europe avec des pelletées de subventions pour forcer le consommateur à s’équiper de technologies non rentables, polluantes et inefficaces, ça ne marche pas. Et ça ne marche pas d’autant plus que tout le monde commence à manquer d’argent et doit donc faire des choix de plus en plus drastiques.
Cette crise fournit d’ailleurs un éclairage nouveau et inattendu sur la campagne électorale d’Europécologiléverts, que l’adjectif calamiteux habille du reste pas trop mal. En effet, malgré ses efforts incessants, Efa Choly, dont on n’a pas le droit de se moquer de l’accent parce que sinon on est un gros facho, enfile actuellement des propositions toutes plus consternantes les unes que les autres.
On pourrait croire que notre écolo-ninja, complètement perdue pour la science et la politique, lance ainsi des bouées à la mer afin de faire buzzer une candidature qui peine à rassembler 3% de gogos. Pour buzzer, ça buzze, mais globalement, elle passe pour une mamie acariâtre un peu gâteuse qui sort des énormités dans un repas de famille déjà fort agité. Bref : c’est le bide.
Devant l’aspect systématique des propositions ridicules et des bides qu’elle s’enfile ainsi sans sourciller, j’ai cependant l’impression que tout ceci est, pour ainsi dire, préparé. Tout se passe en effet comme si le parti écorigolo avait décidé que, vu les contre-performances de Hollande, chaque voix devait se rassembler autour du candidat PS, quitte à laisser la mamie en roue-libre ; une fois la spécialité fromagère élue, en échange, les écolos gagneraient quelques ministères et, à la clef, les habituelles sinécures aux bons camarades qui ont oeuvré dans l’ombre.
Rien n’empêche même d’imaginer que les dirigeants du parti aient sciemment choisi la nordique guerrière pour renforcer le pouvoir d’une Cécile Duflot largement épargnée par la campagne présidentielle et donc conséquemment bien plus facile à caser pendant les législatives qui suivront. Du reste, l’abandon en rase campagne n’est même pas à écarter. Tout sera donc affaire de dosage : ni trop, ni trop peu d’électeurs pour éviter de casser le levier pour obtenir un maroquin…
Ce genre de petites magouilles n’est en effet absolument pas hors de portée d’un parti dont tout montre qu’il est rentré dans le rang des partis politiques parfaitement traditionnels, avec manoeuvres politiciennes à deux francs, coups bas, magouilles plus ou moins ouvertes et hypocrisie de rigueur (pour rire, rappelez-vous du Vélo de Mamère). On trouve même des tendances mafieuses dignes de certains syndicats, comme en témoigne le petit article suivant du Figaro où l’on découvre que l’intimidation et les menaces de mort, pour éviter toute transparence dans les comptes, sont finalement parfaitement intégrés aux habitudes du mouvement.
Non, décidément, pour l’écologie en général, et pour les Verts en particulier, rien n’est simple. Toute cette crise ramène trop de gens à se poser la question fondamentale : a-t-on réellement besoin des écolos pour nous dire d’économiser ?