Paul GRANGER : Le bouquet de l’ange

Publié le 17 janvier 2012 par Unpeudetao

Un jour, un ange tutélaire,
Envoyé pour sécher nos pleurs
En soulageant notre misère,
Voulait, près de quitter la terre,
Emporter un bouquet de fleurs.

À son retour dans sa patrie,
Aux yeux de la céleste cour,
Il voulait l’offrir à Marie,
À la Vierge sainte et chérie,
En hommage de son amour.

Mais une rose à peine née
Lui dit : « Bel ange du Seigneur,
Pour votre Reine fortunée
Ma corolle est pâle et fanée
Et mon calice est sans fraîcheur. »

« Hélas ! je ne suis que souillure,
Dit le lis, ne me cueillez pas.
Devant une Vierge si pure
Il faut une blanche parure
Que les lis n’ont point ici-bas. »

Puis la violette s’écrie,
Cachant sa timide beauté :
« Avant de m’offrir à Marie,
Ange du ciel, je vous en prie,
Enseignez-moi l’humilité ! »

L’ange admira ce doux mystère
Et, de pleurs humectant ses yeux,
Il dit : « Nulle fleur sur la terre
N’est digne de vous, ô ma Mère !
Allons en cueillir dans les cieux. »

Paul GRANGER (XIXe siècle).

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