Qu’impliquent ces insultes et qu’ont-elles en commun ? Elles révèlent chez Haddock la haine de tout ce qui indique un manque de courtoisie et de
savoir-vivre : Cyrano à quatre pattes, pignouf, jocrisse... Le rejet obstiné de toute forme de sauvagerie (alliant violence, aliénation et stupidité) Mussolini de carnaval, apprenti dictateur à
la noix de coco, mameluk, bachibouzouk, anthropophage, cercopithèque, troglodyte, boit-sans-soif, schizophrène... Le sage capitaine poursuit sa rhétorique et constate que tout manquement aux
règles élémentaires de la civilité entraîne inexorablement nos semblables à une régression vers l’animalité : ornithorynque, chouette mal empaillée, scolopendre, morue dans un carton à chapeaux,
coléoptère, et débouche logiquement sur la désincarnation : ectoplasme, cataplasme, sinapisme, scaphandrier d’eau de vaisselle, mitrailleur à bavette, projectile guidé, bibendum, vieux
rafiot...
Accumulées les unes aux autres, ces insultes qui tombent en tas du nuage de la BD constituent un tissu riche en couleurs, en sonorités diverses
(assonances et allitérations) particulièrement efficace pour exprimer le ressentiment et châtier les contrevenants... Mais aussi, souhaitons-le, pour nous rappeler à un minimum d’exigence envers
nos concitoyens.
Merci pour la leçon, captain oh mon captain !