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Si le petit chimpanzé César, du récent La Planètes des singes, les origines, vous a ému : Nim Chimpsky (ironiquement nommé ainsi en référence au linguiste Noam Chomsky), va vous hanter pendant longtemps. Arraché à sa mère alors qu’il n’est encore qu’un bébé, le petit chimpanzé est d’abord recueilli par un groupe de hippies idéalistes (psychologues et professeurs), pour devenir le sujet d’étude d’une théorie sur le langage. En effet, selon Herbert Terrace de la Columbia University de New-York, les chimpanzés seraient réceptif à un apprentissage poussé de la langue des signes. Faire construire à Nim des phrases grammaticales claires démontrerait à l’homme qu’il n’est pas le seul à pouvoir manier le langage, n’en déplaise à Chomsky. C’est le début d’un long calvaire pour l’animal (26 années au total) : successivement abandonné par les humains chargés de son développement cognitif, il finira singe de laboratoire, et terminera sa vie en 2000 au sein d’un enclos paumé au fin fond de l’Amérique, loin des pairs de son espèce.
Un destin hors norme pour un documentaire très intéressant (davantage dans le fond que sur la forme) qui pose de bonnes questions sur le rapport homme/animal, la nature humaine, et sauvage (aussi cruelle l’une que l’autre). Mélange d’images d’archives (filmées par les chercheurs de l’époque) et de témoignages des personnes impliquées dans le projet, le film est aussi fort qu’une fiction et fait de l’animal, révélateur des bassesses de l’âme humaine (ambition aveugle, jalousie, domination), un véritable héros de cinéma. James Marsh n’a pas volé son prix de Meilleur Réalisateur de docu au dernier festival de Sundance.