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Olé n°195 : Vive la fin du triple A !

Publié le 17 janvier 2012 par Toreador

Le ConcordiAAA

Lorsque le magnifique paquebot Concordia s’est abîmé en mer, victime d’un rocher mal placé, et que l’on a eu à déplorer malheureusement un grand nombre de victimes et de disparus, deux réactions ont été enregistrées : premièrement, l’ébahissement, et ensuite, la soif de justice. En d’autres termes : « Comment un paquebot aussi sophistiqué a-t-il pu s’échouer aussi lamentablement en faisant du cabotage ? » puis « Qui est responsable ? « .

A la première réponse, il est difficile de répondre : le rocher était présent sur les cartes, et le paquebot disposait d’un sonar.  Il en va de même pour le navire France, qui a raclé la coque la semaine dernière, et qui savait pourtant depuis 30 ans qu’il était sorti de la route de l’orthodoxie budgétaire et qu’il allait droit sur les récifs.

A la seconde question, là aussi pas mal de points communs. Alors que le navire prend l’eau et se couche, beaucoup accusent le capitaine du navire, d’autres la structure du bateau, d’autres encore la mer démontée.

Etonnante manie Française qui est de chercher à pendre haut et court le responsable avant même d’essayer de sauver collectivement le navire. C’est d’autant plus stupide de se réjouir que si le mistigri est aujourd’hui chez Sarkozy, il sera demain peut-être chez Hollande.

La France, plus standard, plus poor

Il y a dans les analyses qui font florès dans les médias un manque total d’esprit hétérodoxe. Les mêmes phrases creuses sont rabâchées : il faut des réformes structurelles / les agences ne sont que le thermomètre, pas la maladie / nous vivons depuis longtemps à crédit / le triple A est notre trésor national, blablablabla. En gros, à ça se résume à ceci : le triple A, c’est bien. 

C’est quand même con, les gars : on a vécu trente ans avec, sans savoir qu’on l’avait ; et lorsque la presse a daigné nous avertir que c’était notre plus beau joyau, on l’a perdu quelques mois après. Si c’est pas du saaaadisme à l’état pur, ça !  Le triple A, c’est comme le bonheur, finalement.

Et pourtant, je ferai remarquer un truc en passant : le triple A nous a amené la scoumoune.

Depuis 1975 – c’est à dire à peu près l’année qui a suivi l’acquisition de la meilleure note – nous nous sommes mis à vivre au dessus de nos moyens, et plus aucun budget n’a été bouclé en équilibre. Les années 1975 – 2011 ont été des années de dictature de l’offre, de régression de la part du travail dans le partage de la valeur ajoutée, de chômage, de dérèglementation, de désindustrialisation. Ce sont ces années là que vous regrettez ?

Moi je dis non. VIVE LA PERTE DU TRIPLE A.

En effet, je propose une analyse alternative : c’est à partir du moment où l’élève « France » a obtenu 20/20 qu’il a arrêté de réviser sérieusement ses leçons, de travailler ses devoirs, et de suer sang et eau pour rester le meilleur. Au contraire, il a vécu sur ses acquis, et s’est endormi près du radiateur. Un peu comme le Concordia, c’est lentement que l’organisation s’est délitée, l’équipage a baissé en qualité et les manoeuvres de secours oubliées… tandis que les passagers se croyaient en croisière.

Au point qu’au premier choc, tout a craqué : le navire, certes, mais aussi l’équipage et le commandant de bord. Tout échec est collectif.

Je souhaite donc que la France arrête de regarder ce que disent les agences de notation, et commence d’abord par balayer chez soi : lorsqu’on fait correctement le ménage, on n’a pas peur que les voisins vous accusent d’être sale. Affranchissons-nous d’objectifs externes et recentrons-nous sur le bonheur des Français, c’est le seul triple A qui m’aille.  De Gaulle a très bien vécu sans le triple A, et nous n’étions guère plus malheureux !

Tout ce qui ne te tue pas te rend plus fort –  le ConcordiAAA n’est pas le Titanic. Profitons-en !

ConcordiadetteNaufragepensée uniqueTriple AVive la perte du triple A

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