Le 11 mars prochain, le conseil communal de Lausanne va procéder au «toilettage» de son règlement. Il s’agit essentiellement de mettre en conformité les règles de travail du parlement lausannois avec les – plus très – nouvelles dispositions cantonales de la Loi sur les communes.
Jusque-là, rien de bien extraordinaire. Rien de bien extraordinaire, sauf que la conseillère communale libérale Françoise Longchamp a proposé d’introduire dans la procédure de vote du conseil un usage accru du vote à bulletin secret.
Ainsi, selon la proposition de modification de la libérale, il suffira que 15 conseillers communaux le demandent pour que n’importe quel objet soumis au vote puisse faire l’objet d’un scrutin secret.
Pire, si le vote nominal et le vote à bulletin secret sont tous deux demandés pour un même objet, le scrutin secret a la priorité.
La raison officielle de cette proposition libérale est de soustraire les élus à la pression de leur parti et de leur éviter de succomber à la «bien-pensance» de leur groupe politique.
Personnellement, j’y vois plutôt une façon de se dérober au regard et au jugement des électeurs. En effet, grâce au scrutin secret, plus de publicité des positions politiques, plus d’explications à donner sur ses choix, plus de comptes à rendre à ses électeurs.
Dans un système électoral à la proportionnelle, il est évident que les élus le sont plus grâce à leur parti et au programme qu’il propose que sur la base de leurs positions politiques individuelles. Il apparaît ainsi pour le moins étrange, voire suspect, de vouloir cacher certaines prises de position individuelles aux électeurs de son parti.
L’un des arguments avancés est le fait que tous les objets soumis aux votes des élus ne font pas l’objet d’une prise de position programmatique des partis. Dans ce cas, je ne vois pas quel problème il y a à ne pas suivre la ligne du parti puisqu’elle n’existe pas !
Il y a quelque chose de très piquant dans le fait que cette proposition émane d’une représentante d’un parti de droite très attaché à la liberté et à la responsabilité individuelles. Un parti qui se veut pragmatique et non-doctrinaire.
Mais il y a encore plus piquant : À Gauche toute !, mon groupe politique, situé à la gauche de gauche - que certains qualifient parfois de doctrinaire, d’idéologique, de liberticide, j’en passe et des pires - s’est prononcé à l’unanimité contre ce recours accru au vote à bulletin secret partant du principe que l’on doit aux électeurs et plus largement au public la transparence, quitte à s’en expliquer longuement.
Ainsi, les pressions de groupe et la bien-pensance semblent, à Lausanne du moins, avoir délaissé la gauche pour aller contaminer la droite qui, du coup, revendique aujourd’hui le droit de décider, au moins à l’heure du vote, de l’avenir de la Cité confortablement camouflé sous une cagoule.
- Crédit image : dessin emprunté, sans intention de nuire, au Concombre masqué.