La critique de Claude :
Après un livre sur les malheurs de Henry James face au grand public (« L’auteur, l’auteur », 2004), il poursuit dans la veine biographique, avec une vie de H.G Wells, l’auteur de « La guerre des mondes ».
Le plus épatant, chez Lodge, c’est l’art d’écrire, par exemple l’alternance entre récit et interviews « bousculantes » du sujet, les décors plantés en quelques mots (Hannover Terrace, une rue élégante du West End, dans les premières pages, Bromley, banlieue minable de son enfance, Sandgate, station chic et frisquette sur le Channel), le tout dans une atmosphère de gentille moquerie pour le Maître (Master).
Un Maître doté d’une énorme puissance de travail (30 romans, d’innombrables essais, nouvelles et articles), et d’une capacité à imaginer et à innover qu’il tient de son éducation décousue et modeste (il met en scène les armes modernes, y compris l’aviation de bombardement, le char et le nucléaire, en 1910).
Il est doté aussi d’un bel appétit sexuel, servi par un formidable culot, et par une incurable muflerie : il n’hésitera pas à séduire les grandes filles, même mineures, de ses amis intellectuels et politiques, à théoriser le ménage à trois et l’amour libre, à utiliser ses amours pour ses romans, provoquant des scandales d’édition qui ne font pas de mal aux ventes, mais le mettent, provisoirement du moins, au ban de la société londonienne. Et il laissera derrière lui beaucoup de larmes et quelques enfants.Lodge raconte tout cela avec gourmandise, ce qui donne un livre épatant. On peut aussi aller voir l’adaptation au théâtre d’un des romans racontant une aventure au Département de littérature anglaise de l’Université de G ; Pensées secrètes, http://www.theatremontparnasse.com
Un homme de tempérament, roman de david Lodge, traduit par Martine Aubert, édité chez Payot-Rivages, 706 p, 24,50 €