Clint Eastwood a tenté un nouveau biopic, grande fresque balayant le 20 ème siècle, en s'attaquant à un des monstres sacrés de la politique américaine : Edgar J. Hoover, l'homme qui fonda et porta à bout de bras le FBI pendant près de 50 ans et qui avait des dossiers compromettants sur tout et tout le monde, sa longévité dans l'emploi étant strictement proportionnée à l'épaisseur de ses dossiers.
Il y avait beaucoup à dire et Clint s'est essoufflé, comme dans la plupart de ses derniers films.
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Avec "J. Edgar ", Eastwood ne fait hélas guère mieux.
De la carrière interminable de Hoover, flic en chef de l'Amérique, esprit méthodique et autoritaire qui a porté à bout de bras la lutte contre tous les affreux qui à ses yeux voulaient détruire ou affaiblir son pays, Eastwood retient principalement deux époques. Le début des années 30 avec l'affaire de l'enlèvement du fils de Lindbergh et la fin des années 60. Petit problème : les efforts des maquilleurs sont peu crédibles pour Di Caprio et pas du tout pour son adjoint, qui tient un rôle important dans le film. D'où à plusieurs reprises une tendance à verser dans le grotesque.
Autre défaut majeur du film : son côté consensuel et politiquement correct. Eastwood montre un Hoover incorruptible, travailleur acharné jusqu'à recourir au dopage et s'en faire crever, mû uniquement par un amour de sa patrie qui le conduit à pas mal de chantages et de turpitudes. Soit. Mais comme il ne faut pas passer pour facho et réac, le cinéaste se fait le tendre complice de l'amour homosexuel platonique (?) entre Hoover et son assistant, à l'occasion de scènes bercées par une musique sirupeuse propre à écoeurer jusqu'aux lectrices de "Nous Deux". Evidemment, une mère masculine et castratrice à souhait est à l'origine de tout. Cet étrange cocktail, moins bien frappé qu'un conformiste à la Bertolucci, est peu buvable.
Seule consolation : Naomi Watts, toujours aussi charmante avec ses fossettes et son air astucieux.