La transmission et l’affichage linéaires fascinent les horlogers depuis longtemps.
Côté transmission, depuis la chaîne-fusée telle que l’interprète Lange & Söhne, jusqu’au plus récents développements de Jean-François Ruchonnet sur la TAG Heuer Monaco V4 et ses courroies, ce mode de transmission linéaire de l’énergie reste encore un défi horloger de taille.
Côté affichage, quelques outsiders, séduits par le design mais sans être nécessairement horlogers de formation, s’intéressent aussi au principe de défilement linéaire de l’heure et des minutes. C’est notamment le cas de Devon, avec sa Tread 1. Mue par un moteur électrique et animée par un microprocesseur, elle n’a plus rien d’une montre mécanique. Elle n’en a pas moins attiré le regard des amateurs horlogers qui y voyaient un concept intéressant à suivre.
PAR OLIVIER MÜLLER
Consultant en électronique, designer, il a imaginé une montre dont l’affichage des heures se fera par un curseur se déplaçant de manière linéaire sur un segment affichant des heures de 0 à 12, et des minutes de 0 à 60. Pourquoi « Furtive » ? Parce que l’heure ne s’affichera que lorsque la montre sera regardée, c’est-à-dire positionnée, au poignet, à environ 45°. En position verticale, la montre est en veille, les curseurs, à zéro. Comme au repos, elle ne livre donc ses informations qu’à son possesseur qui doit la mettre à portée de son regard. N’espérez donc pas glaner l’heure au poignet de la personne qui la porterait en face de vous !
Objet ludique ? Probablement. Mais à 3000 dollars, le ‘jouet’ reste accessible, à l’opposé d’une Devon dont le ticket d’entrée est à 15’000 dollars. Qui plus est, la Type 46 sera proposée en série limitée (46 unités), et dotée en série d’un écran sensible au contact, de type tactile, qui permettra de donner l’affichage de la date, puis, par une double pression sur le verre, de l’AM / PM, ainsi que le jour de la semaine, le fuseau horaire, les phases de lune, le chronomètre et la réserve d’énergie.
De l’aveu du concepteur, la mise au point fut relativement claire en son esprit dès le départ. En revanche, l’identification des fournisseurs pouvant lui fournir certains composants fut une autre affaire, à la croisée des chemins de l’électromécanique et de l’horlogerie…
Contrainte amusante à laquelle les horlogers traditionnels ne sont pas confrontés : la conductivité du boîtier. Pour la Type 46, c’est un élément critique, puisque il sert de masse au système. Gabriel Ménard a donc dû renoncer à l’aluminium, car s’il est naturellement conducteur à l’état brut, il s’est aperçu que son anodisation lui retire cette propriété ! Exit donc l’aluminium pour le moment, en attendant de trouver un traitement qui lui maintienne ses propriétés – le PVD, par exemple ?
D’un généreux diamètre de 50 mm pour 14 d’épaisseur, elle s’adresse en priorité au sexe masculin. Cette orientation est renforcée par le noir du boîtier, ainsi que le large bracelet cuir, noir également.
Le premier lot de 10 pièces sera prêt cet été, probablement sur souscription. D’autres informations seront progressivement mises en lignes sur www.division-furtive.com . Si l’objet retient votre attention, il devrait en être de même pour votre entourage avec cet objet qui arbore fièrement non pas le traditionnel « Swiss Made », mais le « Montréal, Canada ».
L’AUTEUR: OLIVIER MÜLLER