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On dirait le titre d’un polar mais non, c’est un de ces petits livres courts, qui se multiplient en ce moment, fait de fragments de vie, d’éclats de pensée à immortaliser à toute allure, de réflexions intimes comme des miettes de testament, des souvenirs de voyages express, style aller-retour en super classe au bout du monde, des chutes de poèmes à peine chuchotés, des bouts de soi nonchalamment jetés à la cantonade, bref un de ces recueils très chic qu’un grand juriste international comme l’auteur peut s’offrir. Un livre d’amateurs pour un public d’initiés ou de dilettantes cultivés.Et pourquoi pas? En lecture, je n’ai aucun a priori. Que dit donc ce livre?Tout d’abord qui sont les tueurs? C’est l’ennemi mortel qui rôde dans un monde affadi ou pétrifié par la technique. Il faut leur échapper par «un bond hors du rang des meurtriers » Comment? Par la légèreté, les jeunes étrangères, la rêverie, la montagne, le dépaysement, l’amitié.Les chapitres tournent tous autour de cette idée mais restent indépendants. Ce n’est ni un roman, ni un essai, ni un journal intime mais une pincée de tout ça: une suite de textes très courts, parfois une demi page sur de brefs extraits de vie, vécus à la va vite, avec les brèves rencontres, la forme moderne c’est-à-dire rapide du voyage favorisant l’expérience de la fragmentation du moi qui s’avance masqué.Un saupoudrage de citations aussi comme celle de Mme de Staël: "Voyager est, quoi qu'on puisse dire, un des plus tristes plaisirs de la vie." Ce livre est un patchwork qui part dans tous les sens et sous toutes les formes autour du thème central, lancé à la face d'un riche Chinois au cours d'une négociation très serrée:"Vous avez soixante-cinq ans. Profitez donc de votre richesse au lieu de vous pourrir la vie en voulant gagner encore plus." (!) Quelques extraits :« Hymne à François Lesage, brodeurLa mer donne l’image de broderies naturelles, et le surfeur accroupi, qui se lève pour planter l’aiguille de sa planche dans la trame de la vague, est un brodeur. »«Promenade sous les arbres. Broderie de l’eau, du tissu frêle des fleurs. Lumière tremblée. Ruisseau près de la scierie. Échapper aux tueurs.»Bien léger ce livre malgré tout. En parlent aussi :Beigbeder : «Échapper aux ploucs» et Jérôme Leroy.Échapper aux tueurs de Matthieu de Boisséson (Gallimard, 2011,150 p)