Je ne sais pas si vous l'avez remarqué mais je ne rédige plus à chaque numéro une critique de premier roman au webzine La Recrue du mois. J'ai dû ralentir ma cadence, la vie familiale au sens le plus large m'y obligeant. De par ce recul obligatoire du webzine, quand j'ouvre ses pages le 15 de chaque mois, je suis époustouflée devant l'ampleur du travail de ces 15 rédacteurs-trices, une rédactrice en chef, un webmestre, un graphiste, et cela à titre entièrement bénévole. C'est à souligner et je le souligne !
Ce mois-ci, les circonstances s'y prêtant, je me suis commise dans un repêchage que je ne pensais pas aimer autant. Le voici :
Thomas, leader incontesté entraine ses amis, un groupe d’étudiants, dans un chalet en Gaspésie pour s’y reposer. Traduction pour des jeunes de cet âge : faire la fête. Il est content d’y amener sa blonde, Noémie, qui fait partie de son quotidien depuis des mois, mais son cousin, non. C’est un fardeau que sa tante et sa mère lui font porter depuis l’enfance, c’est toujours à lui qu’incombe la tâche d’intégrer son étrange cousin Simon à une vie sociale normale. Cette fois-ci, il en a marre, et encore plus quand il décèlera une attraction entre sa blonde et ce dernier. Se pensant en parfait contrôle de sa vie et de celle de sa blonde, il ne considérera pas Simon comme un rival, leur offrant même l’occasion de mieux se connaître en faisant du pouce en pleine nuit frigorifiée au cœur de la vastitude Gaspésienne.
L’auteure a traité cette histoire avec dynamisme et arrive à nous faire entrer dans le jeu de l’attraction, le jeu du jeu aussi, puisque Noémie et Simon s’adonne à l’amour comme des enfants riant sous cape. La différence de Simon est bellement présentée, cela en devient presque un hommage aux troubles psychiatriques qui, plus qu’acceptés, deviennent festifs.
J’ai pris plaisir à partager les réflexions intimes de Noémie, personnage tout à fait cohérent. Simon est étrange juste ce qu’il faut pour entretenir le mystère. Du côté de Thomas, j’ai trouvé plus difficile de cerner ses pensées intérieures qui contrastent avec son comportement extérieur.
Je sais combien il est hasardeux de suggérer un roman à une catégorie de personnes mais cette fois-ci, je ne peux taire la voix que j’ai entendu tout au long de ma lecture : « Ce roman passionnerait la jeunesse ». Ceci dit, je suis en âge d’être grand-mère et je l’ai apprécié. Il ne faudrait surtout pas se priver de découvrir une histoire au rythme soutenu par un style alerte, entrainant le lecteur dans une douce et imprévisible folie.
En région arctique et ailleurs, Laurence Gough, Marchand de feuilles, 2011, 168 pages