Trois ans après les mouvements sociaux qui avait touchés les Antilles, François Hollande a précisé lors du premier jour de son déplacement, sa vision de l’Outre Mer en détaillant ses propositions dans une région où le chômage a augmenté de plus de 50% pour les jeunes. Extraits de son discours prononcé devant 1500 personnes samedi 14 janvier en Guadeloupe, à Rivière-des-Pères :
LE CONSTAT: "LE MALAISE EST LA"
« Quand l’Hexagone va mal, l’Outre-mer va encore plus mal. Quand le chômage est élevé en Métropole, il l’est encore davantage aux Antilles. Quand la vie est chère dans toute la France, elle est encore plus chère en Outre-mer. Quand les inégalités sont insupportables à Paris, elles sont encore plus insoutenables ici en Guadeloupe. (…) Voilà pourquoi je suis sévère sur la politique du gouvernement et du Président de la République. Je suis sévère pour la politique qui a été menée pour la France. Et je le suis encore davantage pour celle qui est été conduite pour l’Outre-mer. Le chômage a progressé de près de 50 % pour les jeunes. Les crédits qui avaient été prévus pour l’emploi en Outre-mer, pour les emplois aidés, ont tout simplement été supprimés. Sans parler de la vie chère, du prix de l’essence, des monopoles, des marges du secteur de la distribution. »
« Vous demandez que l’Outre-mer ne soit pas regardé simplement comme une variable d’ajustement budgétaire, comme une population dont on suspecterait finalement qu’elle vienne toujours rechercher assistance de la part de la Métropole. (…) Vis-à-vis de l’Outre-mer, le président sortant a construit une logique comptable : qu’est-ce que vous apportez, qu’est-ce que vous recevez ? Et vous n’aurez que ce que vous pouvez apporter. »
« En Outre-Mer, l’Etat s’est désengagé dans toutes ses politiques : politique de l’emploi, politique du logement, politique sociale, politique éducative. Vous avez reçu moins. Le budget de l’Outre-mer s’est contracté. La défiscalisation qui devait servir de substitut a été progressivement rognée. La ligne budgétaire unique qui devait servir aux politiques du logement a été diminuée au prétexte que maintenant, le logement social se finance par la défiscalisation. Et puis, ce que l’on attendait de la République, de la solidarité, c'est-à-dire des moyens pour l’école, des moyens pour l’hôpital, des moyens pour le service public, tout cela s’est également rétréci, replié, a diminué
LES PROPOSITIONS: "JE FERAI DE LA JEUNESSE UNE PRIORITE DE
l'OUTRE-MER"
François Hollande a avancé de nombreuses propositions et pistes de travail lors de son discours, concernant le chômage des
jeunes, le développement économique, la vie chère sans oublier la volonté de faire une "Cité des Outre-Mers" à Paris.
- "Je ferai de la jeunesse une priorité pour l’Outre-mer. Il y aura des moyens nouveaux qui seront donnés à l’école, qui seront donnés ici aux écoles primaires, voire préélémentaires, parce que la maternelle et l’école primaire sont les conditions de la réussite. Nous développerons les filières d’enseignement professionnel, nous ferons en sorte que l’alternance, l’apprentissage soient véritablement promus, avec la Région. Nous ferons aussi, et j’en déciderai, une priorité pour l’université en Outre-mer, pour avoir une université des métiers, pour avoir aussi des études médicales dignes de ce nom. Car je veux que nous formions des médecins en Outre-mer qui puissent s’installer en Outre-mer et assurer à chacun l’égalité dans l’accès à la santé."
- Des contrats pour les jeunes d’Outre-Mer : "Je ferai tout pour que nous puissions multiplier les contrats pour ces jeunes, les contrats aidés. J'ai évoqué le contrat de génération qui doit permettre que le senior fasse le tutorat d’un jeune dans les entreprises. Nous en avons besoin. Mais je mettrai en place avec le gouvernement des contrats spécifiques pour l’Outre-mer et des contrats pour les jeunes en Outre-mer, qui doivent avoir une insertion professionnelle, peut-être différente encore des jeunes de Métropole."
- "Je lutterai contre la vie chère, contre ces marges absurdes, anormales, choquantes, qui font que tout est plus cher ici – même les taux d’intérêts, ai-je compris. Nous lutterons ensemble contre toutes ces entorses à la concurrence, tous ces arrangements, toutes ces enseignes qui essaient d’avoir l’exclusivité de la distribution de certains produits. Nous ferons éclater tout cela. Nous ferons en sorte qu’il y ait, avec les moyens que nous donnerons, les lois de la République, des interventions qui fassent que d’autres opérateurs interviennent sur les marchés en Outre-mer pour créer une vraie concurrence, une concurrence saine, loyale, qui contribuera à abaisser les prix, qui luttera contre ces monopoles, ces concentrations, ces cartels qui ne disent pas leur nom mais qui, en définitive, épuisent les populations et créent le sentiment d’une injustice supplémentaire."
- Une cité des Outre-mers à Paris : "Notre histoire, notre mémoire que j’évoquais, sont aussi notre patrimoine commun. Je reprendrais une idée qu’avait lancée le gouvernement de Lionel Jospin, une Cité des Outre-mers à Paris qui pourrait effectivement être le lieu de l’exposition de tout ce que vous avez fait, nous avons construit ensemble, et que nous portons à travers des produits, à travers des créations, à travers une culture."
- Le statut des territoires d’Outre-mer : "J’affirme ici que je respecterai vos choix, selon que vous nous direz l’orientation que vous avez choisie. La République, si j’en suis le premier responsable, dira : c'est vous qui avez raison, c’est vous qui allez décider, c’est vous qui allez choisir votre collectivité, c’est vous qui allez choisir le mode de scrutin pour élire vos représentants."
- "Ce que je propose, c’est le développement solidaire. C’est à vous de faire les actes qui permettent le développement, et à la République de vous apporter sa solidarité, sa présence, sa continuité, son engagement. Les contraintes budgétaires sont là, et je ne veux pas les dissimuler. Mais cela vaut pour tous les départements, pour tous les territoires."
- C’est dans le cadre d’un contrat avec chaque région d’Outre-mer que nous fixerons les politiques. Ce sera également un chemin de la cohérence, parce que ce que nous déciderons au début, nous l’appliquerons jusqu'à la fin. Il y aura une loi de programmation, il y aura des contrats qui nous engageront, il y aura une stabilité. C’en sera fini de cette période où l’on change la règle chaque année, où l’on défiscalise un moment et où l’on refiscalise après. (…)
- "Chacun connaîtra exactement ce que sera le cadre dans lequel il pourra investir, épargner, consommer. Je sais que les entrepreneurs en Outre-mer nous le demandent. Ils s’interrogent : qu’allez-vous faire de la défiscalisation ? Allez-vous réduire sa portée ? Allez-vous remettre en cause son principe ? Il y aura nécessairement des investissements qui continueront à être défiscalisés. Il y aura des actions - tourisme, industrie - qui devront être encouragées. Et ce que nous ne ferons plus – cela peut arriver par la défiscalisation –, nous le ferons par une politique directe de soutien à l’investissement qui peut parfois être plus efficace que simplement un avantage fiscal qui profite souvent à des catégories qui n’ont rien à voir avec l’Outre-mer et qui ignorent même ce qui a été fait de leur argent sur votre territoire."
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Entretien à France-Antilles: "La République a beaucoup à apprendre des outre-mers."