Entre le Monde antique et le Moyen Âge ou, pour simplifier, le retour de la virilité poilue et, ce qui nous semblera paradoxal, chaste : « l'homme véritable est désormais celui qui sait brider sa libido ». L'homme viril sera représenté en guerrier, pourtant il ne saurait être une brute dans une société clanique où le mariage sera le « socle de la paix entre familles rivales ». Je vous donne la conclusion de ce chapitre :
« De la Germanie primitive aux lendemains de l'an mil, les caractères héroïques se sont ainsi subtilement modifiés. Lors de sa rencontre avec Rome, l'Occidental idéal a perdu son poil, gagné en culture et intellectualisé la beauté de ses traits. Puis, au matin de l'ère carolingienne, il est monté à cheval, ce qui, fatalement, l'a éloigné de ses livres. Au Xe siècle enfin, la femme a cessé de pouvoir être un grand homme; ce statut est réservé au chevalier, dont on attend qu'il soit à la fois un combattant, un héritier et un géniteur, c'est à dire qu'il constitue un maillon dans la chaîne de la noblesse. Et le christianisme ? Il est difficile de dire s'il a transformé le modèle masculin ou si ce sont les hommes qui l'ont modelé à son image. Prouesse et largesse constituent en effet l'essence de l'activité du guerrier barbare, puis le cœur de la morale chevaleresque; mais ces deux vertus sont aussi à la base du modèle occidental de sainteté, que tout homme peut espérer imiter mais dont la femme reste tacitement exclue. »