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Test de Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne

Publié le 15 janvier 2012 par Axime
Test de Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne

Lorsqu’on a affaire à un jeu adapté d’un film, la peur gagne rapidement le joueur avisé, celui qui a connu les monuments du genre tels Waterworld ou certains épisodes de Batman. Les aventures de Tintin : Le secret de la Licorne a de quoi faire trembler puisqu’il s’agit d’une adaptation d’un film lui-même adapté d’une BD. Cependant, Spielberg a eu la bonne idée de confier cette tâche délicate à un studio qui a déjà fait ses preuves, Ubisoft Montpellier. On leur doit notamment la version vidéoludique de King Kong qui, sans atteindre des sommets, avait très bien rempli son office malgré un temps de développement très court. Si l’œuvre d’Hergé a été flattée par son apparition dans les cinémas, en est-il de même pour la version jeu vidéo ?

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Mille milliards de mille sabords

Alors qu’il faisait son marché, l’intrépide reporter Tintin trouve une réplique d’un galion à l’histoire chargée : la Licorne. Il semble que la miniature ait héritée de son illustre modèle une histoire tumultueuse puisqu’à peine acquise par notre ami à la houppette, voici que d’autres acheteurs très insistants font leur apparition. Le refus de notre héros ne fera qu’attiser leur colère et c’est à coups de poings qu’ils s’empareront de ce précieux objet. Malheureusement pour eux, Tintin a eu le temps de percer le secret de la maquette et il comprend très vite que ses agresseurs sont sur la piste d’un trésor laissé derrière lui par le chevalier François de Hadoque. C’est le début d’une grande aventure pour Tintin, mais pas forcément pour le joueur.

Pour ceux qui se sont rendus dans les salles obscures pour découvrir le film de Spielberg, sachez que le scénario du jeu est un dérivé de ce dernier. On se retrouve donc avec une adaptation d’une histoire qui mélangeait déjà plusieurs volumes de l’œuvre d’Hergé. Les modifications apportées sont importantes puisqu’on perd le grand méchant du film pour le remplacer par d’autres personnages qui n’apportent rien, le but étant de simplifier le plus possible l’intrigue. Autant dire qu’on se désintéresse très, très vite de la narration dont la présence est de toute façon plus que sporadique.

Malgré une histoire à jeter par-dessus le bord, tout espoir n’est pourtant pas perdu puisque l’esprit BD est par contre bien présent. Il va de soi que Tintin ne va pas tuer ses ennemis, aussi une fois au sol ils auront le droit à de petites étoiles tournant autour de leur tête après s’être effondrés en ayant fait trois tours sur eux-mêmes. Graphiquement aussi le cel shading se prête admirablement bien aux graphismes offrant des couleurs chatoyantes proches de la BD.

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Bougre d’ectoplasme de moule à gaufres

L’histoire étant au final à vite oublier, mieux vaut se concentrer sur le gameplay. Les aventures de Tintin : Le secret de la Licorne est avant tout un jeu de plateforme 2D bien qu’on n’y passe pas son temps à jouer les monte-en-l’air. Il vous arrivera de sauter au-dessus de quelques précipices sans fond mais la majorité de l’action se déroulera sur des écrans contenant plusieurs étages. Pour passer de l’un à l’autre vous pouvez utiliser des passages donnant la possibilité de monter ou descendre, tandis que les portes peuvent vous amener à l’autre bout de la pièce. Le jeu consiste alors à éviter les ennemis, surtout lorsqu’ils sont armés, pour mieux les prendre par surprise et leur flanquer un bon coup de poing, voire leur faire une attaque surprise s’ils ne vous ont pas repéré, ce qui les mettra immédiatement KO. Ce système assez amusant fait son effet au début du jeu avant de vite lasser vu qu’il est exploité encore et encore pendant les quatre heures du jeu (si vous prenez votre temps). Vous pouvez tout de même prolonger un peu l’aventure en cherchant les crabes aux pinces d’or plus ou moins bien cachés permettant de débloquer des images. N’attendez pas que les affrontements se complexifient avec le temps, seuls les rares boss vous donneront l’occasion de réfléchir un peu à un semblant de tactique, sachant que la moitié de ces ennemis sont en fait le même, vous ne risquez pas la surchauffe intellectuelle non plus, et ce ne sont pas vos armes qui changeront la donne. Le ballon, les bananes ou les flaques d’eau n’apportent finalement pas grand-chose au gameplay et on a l’impression de refaire encore et encore la même chose au bout de 30 minutes de jeu. Les plus jeunes y trouveront tout de même un malin plaisir et un minimum de défi, il apparait clairement que le jeu a été fait pour eux et il ne leur sera pas insurmontable pour peu que l’un de leurs parents reste prêt à donner un coup de main pour un passage un peu trop compliqué, notamment les phases sous-marines qui demandent de slalomer entre diverses créatures peu recommandables.

Afin de varier les plaisirs, Ubisoft nous propose tout de même quelques phases sortant de l’ordinaire mais au lieu de nous changer les idées, elles donnent envie de replonger dans la lassitude des plateformes. Les batailles en avion sont d’une lenteur extrême, on a l’impression que les moteurs ont été coupés pour laisser place à un planeur et ce ne sont pas les ennemis complètements idiots qui apporteront un peu d’adrénaline au joueur. Les courses en side-car ne sont guère mieux, on devra à tour de rôle conduire l’engin, laissant au Capitaine Haddock le lance-pierre permettant de faire exploser des voitures (preuve encore une fois que le jeu se destine aux enfants), ce qui n’est guerre passionnant vu qu’il faut se bander les yeux pour réussir à ne pas suivre la route, ou prendre la place d’artilleur, chose un peu plus dynamique mais guère compliquée étant donnée la vitesse d’escargot des ennemis. Les combats à l’épée ne suffiront pas à sauver l’ensemble puisqu’ils trouvent le moyen d’être encore plus répétitifs que le reste du jeu. Votre personnage étant sur rails, vous ne contrôlez absolument pas ses déplacements, il vous faut juste bouger le stick droit de la manette dans tous les sens jusqu’à ce que les ennemis tombent d’eux-mêmes. Quelques boss demanderont d’utiliser la garde qui vous oblige à bien placer votre arme pour bloquer l’attaque à venir, ce qui ne sera pas trop difficile tant les coups adverses sont visibles une bonne minute avant de toucher. On n’a qu’une hâte au final, retourner à notre train-train qui parait d’un coup moins ennuyeux.

Les jeunes fans de Tintin seront tout de même heureux de parcourir l’aventure malgré sa faible durée, et surtout ils retrouveront certaines voix françaises qu’ils connaissent bien pour peu qu’ils aient regardé le dessin animé consacré au petit reporter. Toutes ne sont pas de qualité, on sent bien que la passion n’était pas forcément au rendez-vous mais c’est un petit plaisir toujours bon à prendre.

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Cornichon de Zouave de Tonnerre de Brest

Alors qu’on pensait avoir touché le fond une fois le scénario bouclé, c’était avant de s’attaquer aux défis qui demandent de réaliser diverses missions en avion, side-car ou de participer à des combats au sabre. Inutile de dire qu’on ne s’attardera pas sur cette partie qui reprend tous les problèmes déjà rencontrés auparavant et ce n’est pas une bonne gestion du Move sur PS3 qui rendra le tout plus palpitant.

Prêt à sombrer, le navire Les aventures de Tintin : Le secret de la Licorne a pourtant son radeau de la Méduse grâce au mode de jeu Tintin et Haddock. Il s’agit d’un scénario alternatif jouable en coopération dans lequel le capitaine a pris un coup sur la tête et fait un voyage intérieur aussi drôle que bien pensé. D’un aspect plateforme plus classique, sans pour autant oublier les pièces à étages comme dans l’aventure principale, il vous faut boucler les niveaux se déroulant dans l’esprit du capitaine, et où la logique semble totalement absente. On sent que les créateurs se sont fait plaisir et on peut ainsi transformer notre personnage en chien pour dénicher des trésors ouse faufiler dans des passages étroits afin de trouver des bonus. Pour collecter tous les objets cachés, il faudra avoir recours à tous les personnages, ceux-ci se débloquant au fur et à mesure de vos avancées, chacun ayant sa spécialité. Tintin peut utiliser un grappin, Haddock casse les murs épais et pousse les objets lourds, la Castafiore a un double saut et brise le verre, Dupond et Dupont utilisent leurs cannes, etc.

Pour obtenir tous les trésors et même boucler les niveaux il faut alors réfléchir aux petites énigmes présentes et savoir alterner entre les personnages, si vous jouez seul, ou utiliser à bon escient votre coéquipier lorsque vous partagez l’écran avec un ami. Le fun est bien présent et on trouve enfin un intérêt au titre d’Ubisoft. En plus d’être plus intéressant que l’aventure principale, ce mode de jeu annexe se permet d’être au moins aussi long, doublant ainsi la durée de vie du jeu. On apprécie aussi le côté décalé avec un Tintin géant apparaissant en fond ou la présence d’un immense Rackham le Rouge en guise de boss, sans oublier les bouteilles de bière faisant office d’ennemis. On en vient à regretter que le studio n’ait pas eu carte blanche sur l’ensemble du projet afin de nous offrir un titre vraiment accrocheur.

Ce n’est malheureusement pas Les aventures de Tintin : Le secret de la Licorne qui donnera une meilleure image aux adaptations de films en jeu vidéo. Malgré le très bon mode Tintin et Haddock proposant de bonnes idées aussi bien esthétiques qu’en terme de gameplay, le mode histoire ressemble à une lente agonie malgré ses quatre heures de jeu maximum. Un scénario peu passionnant, des scènes répétitives, des passages en véhicules sans aucun intérêt et des batailles de sabres longuettes finissent par étouffer dans l’œuf les quelques bonnes idées qui peinent à germer malgré l’ambiance BD bien respectée. Un vrai gâchis peut-être dû au manque de liberté des créateurs, de gros regrets en tout cas tant Tintin et Haddock apporte un peu de fraicheur, d’originalité et des phases de plateforme prenantes. Les plus jeunes s’amuseront sans aucun problème avec l’ensemble du jeu, les autres passeront leur chemin.


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