Le tigre du Bengale vit de nos jours en Asie, au Népal, au Bangladesh, au Myanmar, au Bhoutan, dans le sud de la Chine et en Inde. Mais sur 40.000 tigres du Bengale recensés en Inde, ils n’en restent aujourd’hui qu’environ 1.500. Le tigre blanc, qui appartient à la même sous-espèce, aurait disparu à l’état sauvage tandis que le tigre de Java avait déjà disparu dans les années 1980. Cause de cette disparition : la chasse.
En effet, la fourrure des tigres est très prisée pour sa valeur marchande en Asie et certains de leurs organes sont réputés pour leurs vertus curatives, comme les os, les dents, le sang et les yeux. Mais l’agriculture et le déboisement massif qui en découle sont également à l’origine de cette disparition progressive. Leurs proies disparaissant, les animaux ne peuvent plus se nourrir à leur faim et leur habitat est de plus en plus grignoté par l’homme et ses activités.
Le delta du Gange représente une gigantesque zone humide en Inde et abrite le sanctuaire de Sundarbans, la plus grande mangrove au monde, constituée de petites îles et de marécages. A cet endroit, les tigres sont encore maîtres de leur territoire grâce aux initiatives de l’Etat pour bien séparer et préserver le monde sauvage du monde indien urbain. C’est le seul lieu connu aujourd’hui où le tigre s’attaque encore à l’homme de façon instinctive.
Un animal poursuivi par sa légende de tueur
Les pêcheurs et paysans en ont donc peur. Ils en viennent même à tuer des centaines de tigres par précaution ou vengeance d’un homme tué, alors que la légende a toujours positionné ce félin comme un mangeur d’homme. “Le tyran brutal ne poursuit qu’un seul but : dépeupler l’univers, pour régner seul au milieu des victimes qu’il égorge”, décrivait au XVIIIe siècle, le naturaliste Georges de Buffon. Une image de tueur reprise notamment avec Shere Khan, le tigre du Bengale du Livre de la Jungle.
Pourtant, dans d’autres régions d’Inde, le tigre arrive à cohabiter avec l’homme, allant même jusqu’à rendre visite aux habitants dans leurs maisons et sans attaquer personne. Une habitude qui fait mentir la légende. Selon les spécialistes, le comportement agressif du tigre est une conséquence directe de la chasse au gros dont il a été victime pendant des années. Aujourd’hui, ces redoutables prédateurs et bons chasseurs se montrent donc légitimement méfiants vis-à-vis de l’homme sur leur territoire de Sundarbans. Un comportement qui, finalement lui permet de jouer les gardiens de la mangrove et de sa biodiversité en préservant la région de la déforestation.
via Inde : quand le tigre du Bengale préserve la forêt du déboisement.