Meilleurs de voeux de Standard & Poor's

Publié le 15 janvier 2012 par Mtislav
 
La bonne vieille carte de voeux est passée de mode. On rivalise désormais pour nous souhaiter la bonne année des manières les plus triviales. Passons. De toutes façons, on s'en fiche. Les seules cotations qui m'intéressent sont celles qu'offrent les critiques du Box Office. Davantage que les sondages. Marine Le Pen peut bien être au second, elle ne gagnera pas les présidentielles. Pas plus que les législatives. Tout au plus parviendra-t-elle à inspirer quelques satrapes qui comme Viktor Orbán inspireront la politique de notre pays. Sans tenir leurs promesses mais en faisant advenir quelques unes de nos craintes. Gageons qu'ils commenceront par donner une idée de leurs visions d'avenir en tentant de restaurer un passé qui n'est pas le nôtre. La méthode la plus simple consiste à arracher quelques pages des livres d'histoires, déplacer les statues encombrantes... Tout cela ne pourrait advenir si nous parvenions à reléguer notre schizophrénie aux strictes limites des salles de cinéma. J'ai vu Take Shelter de Jeff Nichols. L'histoire d'un type qui pressent qu'une catastrophe est imminente. Du coup, il retape l'abri anti-tempête qui se trouve au fond du jardin pour protéger sa famille. Il fait des cauchemars. Son chien s'en prend à lui. Ne pas oublier que ce sont toujours ceux qui sont les proches qui peuvent se montrer les plus dangereux. Plus dangereux encore, les psychanalystes. De ce point de vue, si vous voulez vous en sortir, optez sans hésitation pour un comportementaliste (qui vous laissera construire votre abri anti ce que vous voulez). Ou faites comme moi. Remontez le temps et allez voir J. Edgar, le dernier film de Clint Eastwood. J'avoue que je me suis régalé. Certes, je ne suis pas certain que Eastwood soit le mieux placé pour analyser la psyché d'un homosexuel refoulé mais je suis un homme de préjugés... On peut se féliciter que le scénario soit de Dustin Lance Black (l'auteur du scénario d'Havey Milk) et non de Edgar J. Hoover qui quand il n'épiait pas les puissants n'hésitait pas à réécrire l'histoire. Il paraît qu'il a conservé une fiche sur Hitler jusqu'en 1956, pas tout à fait convaincu qu'on en était débarrassé.
Par hasard, je suis tombé sur "Public Enemies", un film sur John Dillinger qui est sorti en 2009 signé Michael Mann, avec Johnny Depp. Hoover est un personnage secondaire dans "Public Enemies"et Clyde Tolson y apparaît également. Certains reprochent à Eastwood de ne pas montrer les rapports entre J. Edgar Hoover et la maffia. Est-ce que celle-ci tenait Hoover par le chantage ? Pour Truman Capote, le couple Hoover-Tolson, c'était "Johnny and Clyde"...  
"J. Edgar", c'est un peu l'amour en fuite. Logiquement, l'histoire se termine avec Nixon dont on sait qu'il avait ses propres plombiers. Pour le Dillinger de "Public Enemies", le principal adversaire, c'est cette même mafia qui une fois enrichie par la prohibition, reconvertie dans le jeu et les maisons de passe, se débarrasse du braqueur de banque dangereux parce qu'il attire une trop grand publicité. Dillinger est populaire. Il ridiculise la police. Dans le film de Michael Mann, ce n'est pas Melvin Purgis qui l'abat mais un vieux Marshall du Sud, l'un de ces durs à cuire que le FBI de Chicago fait venir pour traquer Dillinger. Le FBI se servait très bien des écoutes téléphoniques dans les années 30. Personne n'enlèvera ça à J. Edgar.
Donc, pour résumer, je déconseille Marine Le Pen et Viktor Orbán. 
Je recommande "J. Edgar" et "Public Enemies". 
Et pour les schizophrènes, les partisans des théories béhavioristes et les curieux, Talke Shelter. ,
images : publicité pour un aspirateur Hoover, 1925 ; le beau Clyde Tolson en compagnie de J. Edgar sur Viral History