La France vient donc de perdre son triple A. Comme l’a rappelé François Hollande, les agences de notations ne sont évidemment pas la référence ultime pour juger les politiques conduites par les États et on peut déplorer que l’Europe ne se soit pas dotée d’une agence publique indépendante pour évaluer la capacité des pays de la zone euro à rembourser leurs emprunts.
Mais la dégradation a le risque de renchérir le cout de notre emprunt pour l’année qui vient : 180 milliards d’euros doivent être recherchés sur les marchés. Tout écart de taux d’intérêt aura donc pour conséquence d’alourdir la charge des intérêts d’emprunts et de forcément déséquilibrer davantage le déficit budgétaire.
Ce sont les Français qui risquent de payer la conséquence de cette dégradation.
Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A, un objectif de sa politique, avait-il dit, une obligation pour son gouvernement.
Alors qu’ils minimisent désormais cette dégradation, rappelons quelques-unes des déclarations des membres du gouvernement, de Nicolas Sarkozy lui-même et de ses proches… :
- Alain Minc (le 28 octobre sur Europe 1) : « Nicolas Sarkozy est accroché au AAA de la France de manière totale, il joue sa peau d’une certaine façon. C’est un choix profond. Il ne peut pas se permettre une dégradation. »
- Le 17 octobre, François Fillon assurait que ce triple A était « un acquis extrêmement précieux qu’il ne faut en aucun cas fragiliser et c’est un acquis […] qui n’est pas intangible ».
- En écho, le ministre des finances, François Baroin, s’employait à rassurer les Français : « Nous serons là pour conserver ce triple A. C’est une condition nécessaire pour protéger notre modèle social, ose-t-il alors. Nous prendrons toutes les mesures, donc il n’y a pas d’inquiétude. Tout est mis en œuvre depuis trois ans pour ne pas être dégradés. »
- 6 décembre : « Si on perd le triple A, je suis mort » : Nicolas Sarkozy à des proches.
Depuis 2007, nos déficits ont été considérablement augmentés en raison de politiques fiscales injustes et inefficaces. La dette atteint un record historique -612 milliards de dette supplémentaire depuis 2007- et notre compétitivité a été également affaiblie avec un déficit commercial de 75 milliards d’euros.
C’est une politique qui a été dégradée, ce n’est pas la France.
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