En octobre 2003, à l'initiative d'Arnauld Champremier-Trigano et Pierre Cattan, naît le magazine TOC, qui fera paraître trente numéros jusqu'en 2007. J'eus la chance de participer à cette création, puis d'y oeuvrer comme chroniqueur. La chronique était intitulée : "Vrai ou faux".
Que je vous explique. Marguerite Donnadieu, dite Duras, eut un enfant, Jean, dit Outa, avec Dyonis Mascolo, gallimardien émérite et compaing de la rue Saint-Benoît. Mais Marguerite Donnadieu, dite Duras, eut également un amant, Yann Andréa, jeune dameret tombé en amour avec l’auteur des Petits chevaux de Tarquinia – à moins que cela fût seulement avec le livre, arguent les mauvaises langues. Nonobstant les perfidies ordinaires qui courent encore sur cette idylle qui le fut si peu, il n’est point de mon ressort de sonder les reins et les coeurs, et j’aime, pour ma part, l’aura de cet amour-là.
Que ceux d’entre vous qui redouteraient que nous gagnions là de trop chevaleresques cimes se rassurent : la vraie vie, querelles de voisinage et merles moqueurs inclus, reprend vite le dessus. Aussi la 13ème Chambre du Tribunal correctionnel de Paris vient-elle de relaxer Andréa l’amant, accusé par Jean, dit Outa, le fils de Marguerite Donnadieu, dite Duras, d’avoir obtenu d’elle et de son âme intempestive et passionnée qu’elle rédigeât un codicille à son testament, de manière à lui accorder jouissance de sa bénédictine demeure. Jouissance fort indûe, dit-on, la Duras n’ayant plus toute sa tête au moment de la rédaction dudit codicille. Le tribunal accordera à cette démonstration tout le crédit nécessaire, mais, une fois n’est pas coutume, fut davantage sensible à l’amour. Alors : vrai testament ? faux coddicile ? À ce qu’on dit en tout cas, l’appartement est fort joli.
Toc 9, février 2005