Un livre quasi philosophie, voilà comment j’ai appréhendé ce petit bouquin, dans lequel le message serait à peu près celui-là : « La vie n’est que paradoxe ! ».
Le hérisson, c’est Madame Michel, concierge de son état. Elle a prénommé son chat Léon, hommage à Léon Tolstoï. Cette quinquagénaire mal léchée, rude et secrète, est passionnée de littérature russe et de cinéma japonais. Durant 27 ans, elle a dissimulé sa culture, pour avoir la paix, jusqu’au jour où le nouveau propriétaire – Monsieur Ozu, un richissime japonais – la démasque. Bousculant toutes les conventions, il l’invite à dîner.
Dans cet immeuble bourgeois de la rue de Grenelle, on y retrouve un autre personnage en marge : c’est Paloma, une petite fille de 12 ans, surdouée et malheureuse, qui voit l’absurdité de la vie, celle de ses proches : sa sœur normalienne, sa mère sous antidépresseurs, son père un peu lâche. C’est dans les mangas qu’elle trouve la vérité. Elle a décidé de se suicider à la fin de l’année scolaire, en prenant soin de récolter chaque jour une petite « pilule magique » dans la chambre de sa mère afin de mener à bien son projet macabre.
La rencontre entre les deux protagonistes féminines aura lieu, à l’occasion de l’arrivée du nouveau voisin.
A travers ces personnages, nous assistons à une satire sociale assez mordante (les vieilles rombières à caniches, les filles de riches qui parlent à la manière des loulous de banlieue, le néant de ces existences sous cellophane…). Par son écriture loin de toutes fioritures, Muriel Barbery parvient à déjouer les écueils, à donner de l’ampleur et une densité à son récit qui devient véritablement émouvant sur la fin. Les personnages les plus grotesques possèdent des failles et une certaine humanité et l’écrivain parvient à restituer un microcosme qu’on ne trouve plus du tout artificiel.
Autant je m’étais ennuyée avec «Une Gourmandise » autant là, j’y suis tombée les deux pieds dedans!
» Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à poissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. «