Nous ne sommes plus des Français mais des Francis. Nous venons, en effet, de perdre un A du sacro-saint triple A, consacré trésor national par le Président de la République, il y a quelques semaines. Encore une fois, Nicolas Sarkozy a parlé trop vite, négligeant une simple réflexion qui lui aurait permis de prendre quelques précautions sur ce sujet. Reprenons quelques faits. La première vérité, que personne ne devrait oublier, est que le budget de l’état est en déficit depuis plusieurs décennies. C’est-à-dire que, tous gouvernements confondus, la France dépense plus qu’elle ne gagne depuis cinquante ans. L’accumulation de ces déficits budgétaires est la première cause du creusement de la dette souveraine. Les Français ont volontairement oubliés que leur modèle social ne fonctionnait que par l’emprunt. Lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir en 2007, vraisemblablement conseillé par des économistes aveugles comme d’habitude, a choisi la diminution d’impôts pour créer un choc de croissance, mais sans aucune compensation de réduction des dépenses. Malheureusement, le choc attendu ne s’est pas produit. En contrepartie, le déficit s’est creusé ainsi que la dette publique. Puis, en 2008, est intervenue la crise financière aux Etats-Unis (les subprimes) qui s’est répercutée à travers la planète du fait de la mondialisation d’une économie financière hors de contrôle. Une faillite généralisée des banques, principalement des plus grandes et après l’expérience catastrophique de celle de Lehman Brothers, étant inenvisageable, les Etats ont du intervenir massivement en rachetant la dette privée des banques pour la transformer en dette publique souveraine. Evidemment, la dette s’est monstrueusement amplifiée. Et, pendant que les états s’endettaient dangereusement, les acteurs de l’économie financière recommençaient à spéculer outrageusement en imposant aux entreprises de l’économie réelle par l’intermédiaire du pouvoir exorbitant des actionnaires, des règles d’ « augmentation de la valeur pour l’actionnaire » intenables, précipitant les crises économiques, le chômage, les crises sociales. Parmi ces acteurs prédateurs, on trouve les agences de notation qui, avec la complicité des banques, se comportent en véritables snipers, assassinant les pays en difficulté en leur supprimant les moyens de sortir de leur endettement. A leur sujet, quelques interrogations viennent à l’esprit. Comment se fait-il de trois officines privées, dont les compétences ne sont nullement prouvées, puissent avoir un tel pouvoir sur les Etats, au point qu’elles se permettent de s’introduire frauduleusement dans la politique ? Pourquoi cette intervention de Standard & Poor’s intervient-elle juste à l’aube de la campagne présidentielle française ? Quand donc les gouvernements se rendront-ils compte du danger mortel de la sphère financière mondiale qui fait fortune sur les désastres de la planète ? Quand donc prendront-ils les mesures empêchant la spéculation sur les dettes souveraines en permettant aux banques centrales de prêter directement aux Etats aux taux qu’elles mêmes choisiront ? Quand seront interdits les produits financiers qui permettent de spéculer sur la variation des taux d’intérêt ?