Titre : La passerelle
Auteur : Lorrie Moore
Editeur : Points
Nombre de pages : 411
Date de parution : avril 2010 et avril 2011 chez Points
Résumé :
Tassie Keltjin est une vraie " country girl ". Elevée dans une ferme du Midwest, elle sait à peine ce qu'est un taxi et n'a jamais franchi les portes d'un restaurant chinois. Lorsqu'elle s'installe en ville pour ses études, elle plonge avec euphorie dans ce tourbillon de nouveautés : le campus, les cinémas, les longues discussions entre amis... Elle a vingt ans et tout à découvrir. Pour arrondir ses fins de mois, elle trouve un emploi de baby-sitter dans une famille atypique. Sarah dirige un restaurant à la mode; Ed a les cheveux longs, bien qu'il frôle la cinquantaine. Ils ont adopté une petite fille métisse, Mary-Emma. Rapidement, le tableau idyllique se décompose. Le couple est de plus en plus étrange et la couleur de peau de l'enfant confronte chaque jour Tassie au racisme ordinaire. Avec une vivacité d'esprit proche de Grace Paley, Lorrie Moore dresse le portrait d'une jeune femme et de ses grandes espérances. Mais derrière l'ironie qui vise juste, c'est aussi un livre bouleversant sur la fragilité des apparences et sur une Amérique en plein désenchantement.
Mon avis :
Je reste un peu partagée à la fin de cette lecture. Comme il s'agit d'une lecture commune, j'ai hâte de voir ce qu'en ont pensé mes co-lecteurs.
Le roman comprend nettement deux parties. La première moitié du livre nous permet d'apprendre à connaître les personnages, les lieux. Je reconnais que l'auteur analyse avec finesse les caractères mais j'avais hâte d'arriver à une action. L'ambiance est tendue, le lecteur sent l'imminence d'un évènement capital mais rien ne vient.
De plus, j'ai eu beaucoup de mal à me familiariser avec le ton du récit. L'auteur excelle effectivement dans un humour décalé qui me laisse perplexe. Des phrases étranges s'insèrent dans le récit et certaines réparties qui se veulent drôles m'ont paru plutôt douteuses.
Par exemple en parlant du gazage des poulets : " Ce serait l'expression de la judéité des poulets- à moins que ce ne soit l'expression de la pouléité des juifs."
Certains passages (toujours dans la première partie) ont des longueurs désagréables comme la restitution des rendez-vous du mercredi soir entre parents d'enfants multi-raciaux. L'évidence est que le malaise des enfants vient de l'ambiguïté des parents.
Par contre, ce roman aborde, quelquefois trop superficiellement des problèmes structurants de l'Amérique. Si la vie universitaire, le racisme et l'adoption illustrent la première partie, l'auteur évoque rapidement le terrorisme puis d'une manière assez cruelle l'engagement du pays en Afghanistan. Et la seconde partie du livre, oubliant malheureusement un peu la petite Mary-Emma , devient passionnante. Tassie, jeune fille naïve venue de sa campagne va grandir avec les dures épreuves de la vie d'adulte. Certains passages m'ont émue malgré, là encore cet humour narquois.
La passerelle est un roman d'apprentissage. Tassie, jeune fille naïve venue de sa campagne va grandir avec les dures épreuves de la vie d'adulte. Les gens qu'elles côtoient ne sont pas toujours ce qu'ils laissent paraître.
L'auteur a peut-être voulu traiter trop de sujets. Elle a sûrement trop détaillé sa première partie, lassant ainsi quelques lecteurs ce qui est dommage. L'ensemble est toutefois intéressant même si la forme (ton, construction) ne m'a pas séduite.
Voici un extrait qui résume mon impression sur ce roman:
" Elles (les tragédies) étaient l'expression d'une société aisée, emplies de désespoir et de vérité mais dénuée de toute fonction morale." " Il fallait des plaisanteries...Et afin d'apaiser la souffrance de l'auditeur, ils valaient mieux que les blagues soient drôles. Ce qui n'était pas toujours le cas."
Lecture
commune avec Nin4