J'avais proclamé, en 2009, mon enthousiasme en découvrant les épisodes-pilotes d'"A tort ou à raison", série télévisée judiciaire dont les scénarios, signés notamment de la plume de Marc Uyttendaele, se basent sur des faits vrais. Epris de justice, un quatuor de professionnels et amis, Joëlle, Florence, Mathieu et Yvan - respectivement interprétés par Marianne Basler, Alexandra Vandernoot, Olivier Minne et Bernard Yerlès, tentent de faire valoir la vérité, en des moments où celle-ci n'a que des détracteurs La palette est brillante, le jeu tonique, réaliste est diantrement accrocheur.
Une vraie et belle série (en six épisodes) que je vous invite à découvrir, chaque lundi à 20h20 sur les ondes des la Une (RTBF)
AE
(Copyright photo: Vinciane Pierart)
AE: Bernard Yerlès. Les épisodes-pilotes ont fonctionné sur toute la ligne puisqu'une première saison (gageons qu'il y en aura d'autres...) d'"A tort ou à raison" a vu le jour. C'est important pour vous, de vous produire en notre bon pays?
Bernard Yerlès: Très important. C’est une manière pour moi de m’inscrire dans « mon » champ culturel originel en tant qu’interprète. J’ai une sensibilité de Belge, et elle est différente de la française, légèrement différente mais elle est réelle, et j’ai l’impression parfois qu’elle s’ exprime ici avec plus d’évidence. J’ai cette sensation d’être dans mon environnement, dans ma maison et je m’y sens bien.
Un des grand plaisirs pour moi qui suis parti professionnellement vers la France, a été de retrouver, sur ces épisodes, des anciens partenaires, des anciens élèves (devenus grands) de retrouver des belles complicités , comme celle avec Alain Brunard, le réalisateur, avec qui j’avais travaillé il y a des années… Plus de 130 comédiens belges ont participé à l’aventure. C’est une fierté aussi pour moi de participer à cette première ambitieuse aventure de fiction, 100% belge. Je veux dire, majoritairement belge et conduite par la Rtbf qui affirme par là un positionnement clair sur les fictions de proximité auxquelles elle croit.
Et puis, de manière très pratique, cela me permet de ne pas prendre le Thalys 5x par semaine et de rentrer dans ma maison auderghemoise en un quart d’heure et de profiter d’un quotidien de vie de famille, même si on sait qu’un film et qu’un rôle en action occupe véritablement votre esprit. Par exemple, j’ai pu mettre en scène « Confidences trop intimes » que nous avons créé aux Bozar, durant la même période. J’ai pu aussi être présent à la tournée de notre spectacle « 84 charing cross road » avec ma femme comme interprète… Ma présence à Bruxelles et les trous pendant le tournage ont rendu cela possible. J’en suis heureux , participer à la vie culturelle, riche, de mon pays est une nécessité pour moi, comme être proche des gens que j’aime. J’ai un immense plaisir à être et à travailler à Paris, où la vie culturelle est riche et intense, et j’y ai une socialité très importante, c’est un enrichissement de pouvoir vivre entre Paris et Bruxelles, mais c’est aussi parfois un déchirement de ne pouvoir être des deux côté à la fois.
"A tort ou a raison", je pense, trouve aussi son public dans le fait qu’il reconnaît les personnages et les paysages de cette série, dont chaque histoire « s’inspire » de faits réels. L’identification, et puis le plaisir de se faire prendre par le rythme, le suspens, la richesse des sujets, comme la vie, et pas son résumé simpliste comme on nous le vend trop souvent, montrent aussi que les gens sont réceptifs à la qualité d’un programme comme le nôtre. La vérité, complexe, toujours différente selon le point de vue où l’on se situe, mais véritablement nécessaire et une obsession pour chacun des personnages, est le sujet de fond qui guide cette série, qui, comme je l’espère nous emmènera vers de nombreuses saisons, tant les sujets semblent inépuisables. Une troisième saison est déjà envisagée, d’ailleurs, et en cours d’écriture. J’en suis ravi.