Des scientifiques britanniques regrettent que le démoniaque Docteur No, un des méchants de la saga James Bond 007, ait servi la cause des anti-nucléaires...Cinquante ans plus tard, qu'en pensent les défenseurs de l'environnement ?
Le président de la Société royale de chimie en Grande-Bretagne (association à but non lucratif) a poussé un coup de gueule quelque peu surprenant ! Il accuse le méchant de James Bond contre Dr No, basé sur le sixième roman de Ian Fleming, de faire mauvaise presse à l'atome. Un film qui date quand même, puisqu'il est sorti sur les écrans en 1964.
Pour ceux qui ne s'en souviendraient pas, ou qui ne l'auraient pas vu, un petit rappel s'impose donc. Le docteur Julius No, vit sur Crab Key, une île qui serait habitée par un dragon, mais qui cache en réalité une centrale nucléaire. En bon méchant, concordant les clichés antisoviétiques de l'époque, le Docteur No -qui s'est fait greffer des pinces de métal à la place des mains - détourne des missiles radioactifs pour servir les intérêts soviétiques. Bond, qui ne croit pas aux dragons, accoste sur l'île où il rencontre la belle Honeychile Rider. Repérés par les sbires de No, ils sont capturés et douchés pour être débarrassés de la radioactivité ambiante. Mais ils parviennent à s'échapper et Bond prend le contrôle d'une machine à manipuler le guano (oui oui !) pour ensevelir son ennemi juré, qui meurt étouffé.
Selon le professeur David Phillips, le réalisateur du film aurait donc apporté de l'eau au moulin des militants anti-nucléaires en présentant l'énergie nucléaire comme dangereuse et en l'associant à des mégalo-démoniaques.
A l'heure où le nucléaire est de plus en plus décrié pour des raisons aujourd'hui évidentes, le lobby nucléaire juge bon d'accuser des films à grand succès, pourtant peu enclin à reprendre des arguments écologistes.
Cinquante après la sortie du film, les militants écologistes auraient donc tort de se priver. Les Verts anglais ont rappelé que " James Bond est avant tout une fiction et qu'en revanche, le nucléaire est bel et bien une énergie dangereuse et sale ". Greenpeace a réagi dans un communiqué en affirmant que l'industrie du nucléaire n'avait pas eu besoin de James Bond pour ternir son image et qu'il s'agissait sans aucun doute d'un des pires arguments jamais avancés par les pronucléaires.
Et si tout cela, n'était qu'un moyen de nous soustraire, du VRAI débat ?
Célia Garcin