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Confusion

Publié le 13 janvier 2012 par Paulo Lobo
Si je prends ma iPlume ce matin, c'est un peu pour dire mon écoeurement face aux goujateries de ce monde dévoyé dans lequel nous vivons. Le bon sens n'a plus droit au chapitre, c'est la rapacité qui mène le bal. Petit à petit, les conditions se recréent pour le retour de la barbarie. Au 20e siècle, les deux guerres mondiales et leur lot d'atrocités ont obligé la civilisation à se regarder en face dans le miroir. Avec horreur, on a reconnu la sauvagerie et l'impasse auxquelles ont conduit les idées les plus extrêmes issues du nationalisme, de la démagogie et de la dictature des masses. Effrayée par ce qu'elle avait fait, la société -ses politiques, ses intellos, ses peuples, ses enfants -s'est tournée vers l'humanisme et la tolérance. La raison, soutenue par les leçons de l'histoire récente, devait éclairer le chemin des nations. Bien sûr, tout cela relevait souvent d'un discours pieux- sur le terrain, beaucoup d'infamies continuaient de se commettre. Mais les idéaux étaient beaux, et ils ont donné lieu, du moins en Europe, à des configurations teintées d'un progrés social relatif.1964: c'est dans cette trame de pensée que je suis né. J'ai grandi avec la paix dans la tête et dans le coeur. Très peu préparé, d'une certaine façon, au nouveau système qui est en train de se metre en place.Un système où il est de bon ton de dévorer l'autre de peur de se faire dévorer. J'ai toujours pensé que l'homme est une proie pour l'homme. Mais qu'heureusement des barrières de protection avaient été érigées. Au Luxembourg, j'ai compris qu'une certaine stabilité matérielle partagée par le plus grand nombre ainsi que le sentiment d'avenir contribuaient à l'éclosion d'une communauté pacifique et pleine de bonhomie. J'ai grandi, vécu et interagi dans cette sorte d'état d'esprit dans les années 70, 80 et 90. Après 2000, les choses ont commencé à se fissurer. On est arrivé à cette dégradation complète de la condition humaine. De nouveau le fossé entre les classes. De nouveau, l'oppression des plus faibles. De nouveau, le matraquage de l'opinion publique avec des concepts foireux. De nouveau, le dressage des catégories sociales les unes contre les autres. On ne traverse pas une crise, on vit un retournement de civilisation, un retour de 100 ans en arrière. Peut-ètre même de 200 ans en arrière. Je ne sais pas quoi penser de tout ça. Si au moins les gens voulaient lire. Si au moins ils appréciaient la culture, la réflexion, la méditation. Mais on a tous subi des lavages de cerveau. On perd notre temps avec des distractions inutiles, on regarde des programmes débiles à la télé, on plonge dans des univers virtuels harassants pour les yeux. Il est tentant de vouloir s'orienter suivant sa propre expérience, ses propres ressentis. Nous sommes conditionnés par tout un maillage éducatif, sociétal et existentiel. Je suis la somme de celui qu'on a construit et de celui que j'ai construit. Face aux principes qu'on a cherché à m'inculquer, j'ai eu à choisir, soit j'acceptais, en connaissance de cause ou pas, soit je me rebellais. Mais si on refuse d'obéir à une liste de prescriptions, n'a-t-on pas tendance à se rallier à un autre camp idéologique? Tout cela pour dire que je suis conscient des limites de ma vision, mais que je ne peux agir autrement qu'en écoutant le doux murmure de ma conscience.Alors? Comment puis-je trouver ma sérénité?Avec stupéfaction, je réalise que je suis de moins en moins seul avec ma  personne. Le silence et l'inoccupation me font peur. Je l'avoue, c'est la beauté que je recherche. Mais la beauté est un miracle qui peut arriver à tout le monde. Il ne faut pas en avoir honte. La beauté est une image fuyante, on a de la chance de la voir passer. Ce n'est pas parce qu'elle est brève et indéfinissable qu'elle n'est pas réelle. Au contraire, elle est une pure exhalation de l'être le plus profond. Si on la voit, il faut la garder en mémoire. 

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