Une nouvelle a fait grincer quelques dents. Les comptes de campagne de Nicolas
Sarkozy en 2007 intéressent la justice.
Le principal intéressé n'a pas réagi, même officieusement. En revanche, Jean-François Copé a prétexté la présomption
d'innocence.
Sarkozy est présumé innocent de beaucoup de choses en ce moment.
Il n'est pas candidat, il se maîtrise quand il s'exprime, il modère ses supporteurs. Un véritable conte de fée et de
courtoisie démocratique.
Présumé innocent.
Sarkozy, solidaire... haineux
Mardi, les voeux de Nicolas Sarkozy à l'économie solidaire avaient été occultés par la polémique grossière déclenchée sur les
sbires de Sarkofrance contre la proposition socialiste en matière de quotient familial.
Son discours avait été aménagé à la hâte, avec le concours probable du jeune Guillaume Peltier. Ce dernier, ancien frontiste, a paraît-il le sens
de la formule. Il conseillait officieusement quelques pontes de la cellule Riposte élyséenne. Il serait prochainement nommé secrétaire national de l'UMP.
Nicolas Sarkozy, donc, préféra parler de ... politique familiale. Comme c'était étrange. Officiellement, c'était une
coïncidence. Il ne s'exprimait qu'en tant que chef de l'Etat, s'empressa-t-il de préciser.
Il a donc rappelé qu'il avait créé 200 000 places d'accueil pour les enfants de 3 ans. Il a juste oublié de précisé qu'il
avait simplement doublé les effectifs des crèches. Seules 12.000 places en crèches ont réellement été créées depuis 2007, et « le taux de scolarisation à deux ans a connu une chute brutale
depuis 2002, en raison des réductions d’effectifs : il est passé de 35% à 13,6% à la rentrée 2010 » (cf. Nouvel Obs).
Mercredi en fin d'après-midi, Nicolas Sarkozy présentait ses voeux aux parlementaires, pour l'essentiel UMP. Il tacla les
collectivités locales (majoritairement à gauche), et s'escrima à paraître enfin irréprochable. Il laissa ainsi entendre qu'il avait déjà renoncé à nommer son secrétaire général à la tête de la
Caisse des Dépôts. Xavier Musca patientera. La nomination de ses proches pendant les 3 mois précédents l'élection ne serait pas « opportune ».
Y-en-a-t-il encore à caser ?
Les sarkozystes dérapent encore
Mercredi, les esprits étaient à peine calmés. L'UMP enrageait encore du
débat sur le quotient familial lancé par l'équipe Hollande. Après les accusations d'assassinat de la veille par Laurent Wauquiez, Nadine Morano traita François Hollande d'homme dangereux.
Fichtre ! Voici le candidat socialiste portraituré en Mesrine de la campagne 2012 !
La séance des questions au gouvernement fut l'occasion de dérapages inédits dans les rangs UMP. Le président de l'Assemblée,
pourtant tenu à un relatif devoir de réserve, a choqué à
l'occasion de ses voeux, en comparant une défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle à une situation de guerre... « 2012 sera une année de vérité, notre pays est à l'heure des choix.
Il peut soit poursuivre une politique courageuse de modernisation et de restauration de notre compétitivité, soit exhumer un programme archaïque et utopique (...). Ne nous y
trompons pas : si nous ratons ce rendez-vous de la responsabilité et du courage, les conséquences économiques et sociales pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre
».
Un peu plus tard, dans l'hémicycle, la
ministre du Budget Valérie Pécresse s'est attaquée à son tour à François Hollande, en truquant les chiffres qu'elle avançait
comme argument.
En petit comité, devant des députés UMP, Jean-François Copé s'est pavané avec des expressions grossières. La confidence est
venue d'un participant, rapportée par le Parisien:
« chez nous, c'est massacre à la tronçonneuse » s'est félicité Copé.
Un vrai sens du débat !
Egarés par tant de hargne, certains perdent le sens de la mesure. Mercredi, Christian Estrosi, ancien ministre de Sarkofrance, a déclaré que « le Fouquet's est
une brasserie populaire.» Dans ce restaurant devenu si célèbre depuis cette soirée privée du 6 mai 2007 avec le nouvel élu Sarkozy, le verre de Perrier frise les 10 euros...
A l'UMP, il faut qu'ils tiennent. Tous les candidats sont là, sauf le leur. Sarkozy a prévu de se cacher jusqu'au 6 mars,
voire le 16, dernier jour de dépôt des parrainages. L'information émane de Frédéric Gerschel, du Parisien, ce jeudi 12 janvier. Sarkozy cherche l'exemple de Mitterrand en 1988. Comme s'il sortait
de 5 ans de cohabitation avec François Fillon. Cet homme-là, immobile depuis un an, s'inspire d'un prédécesseur socialiste empêché par une cohabitation avec Jacques Chirac. Allez
comprendre....
Des ministres hors sol
Lors du Conseil des ministres tenu le matin
même à l'Elysée, le Monarque et ses collaborateurs firent mine de travailler. L'ordre du jour ressemblait à une campagne officieuse. François Baroin était ravi d'annoncer un déficit
budgétaire réduit de 4 milliards d'euros par rapport aux prévisions de septembre dernier, soit 92 milliards d'euros et 5,7% du PIB. « L’accélération de la baisse du déficit de l’État
résulte à la fois d’une excellente maîtrise des dépenses et d’encaissements de recettes plus élevés qu’anticipés, entièrement consacrés à la réduction du déficit.» En fait, le
gouvernement a pu compter sur 1,1 milliard d'euros d'impôts supplémentaires (taxe intérieure sur les produits pétroliers, impôt sur le revenu, impôts sur le patrimoine et sur les revenus des
capitaux mobiliers), 800 millions d'euros de survente des licences 4G, et 900 millions d'euros de report de versement de la seconde tranche d'aide à la Grèce (la solidarité européenne
!).
La veille, l'une des 3 agences de notations, la franco-américaine Fitch avait prévenu qu'elle ne dégraderait pas la
note de la France cette année. Ouf ! Ses deux concurrentes maintiennent la pression mais la Bourse de Paris et le gouvernement voulait s'accrocher à cette chimère. L'OFCE prévoyait quand même une récession en France pour
l'intégralité de l'année 2012 en France (-0,2%). C'est la crise internationale, nous direz-vous... Et bien non. L'OFCE prévoit un + 0,4% en Allemagne; un 0% dans la zone euro; + 0,5% au
Royaume-Uni; +1,4% aux États-Unis et +2,4% au Japon.
On applaudit.
Mercredi, la ministre de l'apprentissage se félicita un peu vite de la progression du nombre de contrats en alternance sur
les onze premiers mois de l’année 2011, en hausse de 8,3% par rapport à la même période en 2010. Discrètement en fin d'année, le gouvernement avait signé un décret prolongeant jusqu'au 30
juin 2012 l'aide pour toute embauche d'un jeune sous contrat d'apprentissage ou de professionnalisation supplémentaire (cf. décret n° 2011-1971 du 26 décembre 2011 (JO du 28). Nadine Morano était aussi très
contente des 500 millions d’euros d' « investissements d'avenir», dont la programme, pourtant annoncé voici deux ans, semble bien tarder à se mettre à en oeuvre: douze premiers projets
ont enfin été sélectionnés pour ...62 millions d’euros (soit 11% du budget total).
Sa collègue des Solidarités Actives, Roselyne Bachelot, a profité de ce conseil pour promettre une loi-cadre pour «
faciliter la reconnaissance de l’économie sociale et solidaire ».
Luc Chatel n'avait rien à dire, ce mercredi, sur l'aggravation de l'échec scolaire. L'Afev, l'Association de la fondation
étudiante pour la ville, avait lancé un appel. Elle suit des jeunes en difficultés dans les
quartiers. Elle appelait à un soutien. Le ministre de l'Education n'a pas réagi.
Xavier Bertrand, ministre du Travail, est également resté silencieux. Et pourtant...
35 heures, l'intox sarkozyste
Le chômage augmente, les heures
supplémentaires aussi. C'est l'un des échec les plus dramatiques de l'obstination idéologique sarkozyenne.
La Dares vient de publier, mercredi 11 janvier, un
bilan des heures supplémentaires au troisième trimestre 2011 dans les entreprises de plus de 10 salariés des secteurs concurrentiels.
Le nombre moyen d’heures supplémentaires par salarié à temps complet atteint 10,6 heures au 3ème trimestre 2011, en hausse de
4,3 % par rapport au 3ème trimestre 2010.
Cette hausse est plus forte chez les entreprises soumises aux 35 heures (+5%). Elle est quasiment nulle pour celles qui ont
une durée collective du travail supérieure à 35 heures (+0,7%).
Pour mémoire, une fraction de l'UMP, emmenée par Jean-François Copé, milite pour une suppression de la référence à un
temps de travail hebdomadaire. Le programme présidentiel-sans-candidat que le parti a adopté n'ose pas trancher: « Nous devons franchir une nouvelle étape et inciter les employeurs
et les employés à ouvrir des négociations sur le temps de travail, dès 2012 en échange d’une augmentation des salaires et sans remettre en cause la durée légale du travail de 35
heures » (page 6).
Les UMPistes ont conscience que le sujet est explosif: sans durée légale du travail, pas d'heures supplémentaires
(défiscalisées ou pas).
Trimestre après trimestre, cette analyse de la Dares permet de démonter un autre mythe sarkozyen: les 35
heures seraient un carcan. Les entreprises soumises à cette durée collective devraient donc légitimement davantage recourir aux 35 heures que celles soumises à des durées supérieures... d'autant
plus que ces heures supp' sont défiscalisées pour l'employeur comme pour l'employé.
Et bien... non.
On constate même l'inverse: les salariés (à temps complet) aux 35 heures effectuent 4 fois moins d'heures supplémentaires que
les autres (6,7 heures en moyenne, contre 28,2 heures)...
On applaudit.
Sarkofrance