François Hollande: «Je veux améliorer la politique familiale»

Publié le 13 janvier 2012 par Letombe



Le 2e étage du QG fourmille déjà. Accompagné de ses hommes, Pierre Moscovici et Stéphane Le Foll, François Hollande raccompagne Bernard Thibault, leader de la CGT, avec qui il a échangé sur l’emploi. Dans son nouveau bureau, il reçoit 20 Minutes pour dire son ras-le-bol du climat de la campagne et préciser sa réforme du quotient familial.


Interview de François Hollande Candidat PS au... par 20Minutes

Comment vivez-vous les attaques dont vous faites l’objet? 

Je déplore la manière avec laquelle la droite procède pour détruire plutôt que pour construire. Je dois leur faire peur à ce point pour qu’ils utilisent des mots invraisemblables, des outrances grossières, des caricatures ridicules dont le pays n’a pas besoin si nous voulons faire de cette confrontation une élection utile. Le secrétaire général de l’UMP parle de «massacre à la tronçonneuse»... Attention! Nous avons encore quatre mois de campagne, discutons du bilan et des projets. Je refuse que la droite abaisse le niveau de cette élection. La situation de notre pays est trop grave. Moi, je veux parler aux Français. Je ne me laisserai pas entraîner dans cette violence verbale.

L’UMP semble plutôt fière de sa cellule riposte…

La droite a peur de perdre, alors elle veut faire peur aux Français pour qu’ils renoncent au changement. Au PS, il n’y a pas de dérive de langage. J’ai une tout autre approche: je veux donner confiance à nos concitoyens. Une élection est un affrontement entre des candidats. C’est la loi de la démocratie. Mais je pense ensuite au rassemblement des Français. Et je mesure la gravité des enjeux. C’est sur ce terrain que je veux montrer de la cohérence, de la constance et du calme. Car elle prépare ma manière de présider demain.

Votre baisse dans les sondages vous préoccupe-t-elle?

Non, dès mon discours d’investiture, j’avais dit que les sondages exceptionnels seraient temporaires. Jamais un second tour ne se gagnera à 60%. Mais la crédibilité est de mon côté. Je remarque avec attention que, même si les Français doutent des politiques, ils me font davantage confiance qu’au Président pour diminuer le chômage. Et le report des voix semble encore en ma faveur. L’impopularité de Sarkozy est profonde.

Votre réforme du quotient familial est considérée par la droite comme une attaque contre les familles...

Je suis très attaché à la politique familiale. Et je veux encore l’améliorer. Je propose par exemple d’augmenter de plusieurs dizaines de milliers le nombre de places dans le réseau d’accueil des jeunes enfants, en crèche ou dans le réseau des assistantes maternelles. Pour revenir à la fiscalité, comment admettre que les ménages disposant de très hauts revenus puissent recevoir une large part des aides du quotient familial? 10 % des ménages les plus favorisés captent plus de 40% du dispositif. Une famille de trois enfants qui gagne dix fois le smic a un avantage fiscal de 9.000 euros. Une famille de trois enfants dont les revenus n’atteignent que deux fois le smic ne déduit que 600 euros. Il y a un immense écart que nous réduirons par une modulation qui protégera l’ensemble des classes moyennes.

Où placer le curseur? 

Aujourd’hui, il existe un plafonnement (3.000 euros par enfant). Ce qui sera économisé sur les plus favorisés sera entièrement reversé aux familles qui ne bénéficient pas du quotient familial puisque les non-imposables n’ont, par définition, pas d’avantage fiscal.

Vos proches ont parlé de disparition du quotient, puis vous avez rectifié... Peut-on parler d’un cafouillage? 

Il faut toujours attendre que j’aie arbitré. A la fin du mois, l’ensemble du projet sera connu. D’ici là: seule ma parole compte.

Aujourd’hui, vous allez à la rencontre de jeunes en décrochage scolaire, qu’allez-vous leur proposer?

 Je ne veux pas qu’un jeune décroche à 16 ans. Je ne veux pas de rupture par rapport à la promesse républicaine de l’école. Je proposerai un dispositif qui ne laisse aucun jeune sans solution de formation, de qualification, de parcours scolaire, ou même d’emploi. Et également un service civique pour les jeunes de 16 à 18 ans dès lors que rien d’autre ne leur est proposé.