Le mercato de l’AC Milan s’est transformé en un feuilleton en carton. Alors que Milan était sur le point de finaliser deux énormes transferts, l’arrivée de Tevez et le départ de Pato, tout a été annulé à quelques secondes de la signature : un scénario digne d’un thriller hollywoodien avec finalement une « happy end ». Enfin pas tout à fait car finalement on n’a rien compris et on se retrouve tout bête comme à la fin d’un épisode de Lost, X-Files ou Fringe. Et il ne nous reste plus qu’à mener l’enquête comme dans « Affaires non classées » ou « Faites entrer l’accusé ».
L’article vous semble absurde? Évidemment, quoi de mieux que l’absurde pour évoquer une histoire qui l’est tout autant? Trêves de plaisanteries. Certains éléments sont confirmés mais il reste pas mal de zones d’ombres qu’on va tenter d’expliquer : il y aura une part de déduction, une autre part, malheureusement d’hypothèses. Récapitulons. Vers la fin septembre, Tevez claque la porte de Manchester City et s’en va jouer au golf en Argentine. En novembre, après l’accident de Cassano, Milan décide de s’intéresser à l’Apache. Manchester City autorise les Rossoneri à négocier avec le joueur et rapidement, Galliani trouve un accord avec Tevez et Joorabchian pour rejoindre Milan. Le dossier semble très simple, Milan est en position de force absolue face à Manchester City mais c’est sans compter sur l’arrivée des concurrents, d’abord le PSG, dans une moindre mesure la Juventus et Corinthians pour finir avec l’Inter.
Le plan de Galliani était clair : il a établi un pacte de fer avec Tevez. L’Argentin doit camper sur ses positions, balayer les autres offres pour forcer Manchester City à accepter le prêt gratuit avec OPTION d’achat. Le club anglais refuse catégoriquement cette possibilité mais Galliani reste confiant quant à un assouplissement de leur position au fil du temps. Cette solution permet à Milan de rester complètement libre jusqu’en juin et d’éventuellement reporter toute opération en sortie, en d’autres termes la vente de Pato, cet été. Malheureusement, Moratti décide d’entrer en force dans le dossier et même si Tevez refuse de négocier, l’Inter continue à y croire en proposant une meilleure offre à Manchester City : prêt gratuit avec une OBLIGATION d’achat sans aucune condition.
L’AC Milan est alors forcé de changer sa stratégie : pour avoir Tevez, il faut impérativement égaler l’offre de l’Inter et donc proposer une obligation d’achat. D’un autre côté, Milan ne peut pas se permettre de prendre le risque financier et technique de s’engager à payer Tevez sans être certain qu’un autre attaquant s’en va sinon il y a le risque de se retrouver cet été trop de grands attaquants (et gros salaires) simultanément. La dernière chance d’engager Tevez était de proposer une obligation d’achat à Manchester City. En d’autres termes, la seule solution pour engager Tevez est donc de vendre Pato dès cet hiver au PSG, qui discute de cette éventualité avec Milan depuis le mois de décembre (ce qui explique aussi l’abandon du PSG sur la piste Tevez). Galliani s’arrange donc avec son ami Leonardo : Milan achète Tevez et vend Pato au PSG. Les deux affaires qui, au début, n’étaient pas liées, deviennent indissociables à cause de l’obligation d’achat comme l’a avoué Galliani lors de son retour à Milan : « Les deux opérations étaient liées et bénéficiaient de clauses suspensives » En d’autres termes, au niveau contractuel il était impossible d’officialiser une opération et pas l’autre alors qu’un prêt avec option d’achat aurait permis à Milan de décider du sort de ses attaquants en été, avec très probablement la vente de Pato. Cela explique également l’attitude à la fois prudente et optimiste de Leonardo en conférence de presse : il savait que l’arrivée de Pato au PSG ne dépendait plus de lui mais de l’opération Milan - Tevez.
Ce qui reste difficile à comprendre, ce sont les positions de Pato et Berlusconi ainsi que le dénouement de l’histoire. Qui a provoqué l’annulation des transferts? En ce qui concerne le président, une chose est sure à 100% : il a toujours le dernier mot (et c’est tout à fait logique). Quand Galliani est sur le point de concrétiser un transfert, il donne tous les détails à Berlusconi, qui, bien souvent, accepte. Mais cette fois-ci, il a tout annulé car il ne trouvait pas ces opérations intéressantes. Il était d’accord sur le fond, pour le départ de Pato et l’arrivée de Tevez mais pas sur la forme. Il considère Pato comme un fuoriclasse et l’offre du PSG comme trop basse. A ces conditions, Milan ne vend pas Pato et le transfert de Tevez capote. Et l’avis de Pato dans tout ça? Là, on entre dans les hypothèses car la communication de Milan a rendu la fin de l’histoire digne des bisounours. En effet, en sachant que Milan était sur le point d’officialiser le départ de Pato et l’arrivée de Tevez, il est impossible de croire que Pato refusait réellement de partir. Au vu de toute l’histoire, sa volonté était de rejoindre le PSG. Ou en tout cas, il n’était pas du tout contre, comme il avait affirmé il y a quelques semaines : « Pour le mercato, c’est Milan qui décide« . En d’autres termes, pour lui c’est kif kif. Et puis s’il voulait absolument rester et jurer amour éternel à Milan, pourquoi ne l’aurait-il pas fait plus tôt??? L’amour pour son club ne se réalise pas en 5 minutes. Ainsi, tout le monde était content : Manchester City qui se débarrasse de Tevez, Tevez qui vient jouer avec Ibra, Milan qui achète un serial killer, le PSG et Leonardo font leur gros coup médiatique et Pato quitte Allegri pour retrouver Ancelotti et un salaire 30-40% plus élevé.
Si les opérations étaient sur le point d’être finalisées, c’est qu’il y avait l’accord de tous… sauf de la personne qui a le dernier mot : Berlusconi. Les opérations ont été annulées par le président car il ne les considéraient pas financièrement intéressantes. Ça, c’est la réalité crue mais pour sauver la face aux yeux du monde (même si c’est quand même raté) et pour ne pas rendre la situation de Pato à Milan encore plus difficile (donc une nouvelle fois, pour le bien de tous), ils ont décidé de faire croire que tout était annulé car Pato jurait amour éternel à Milan. De là, ils ont accordé toute la communication : joueur, agent du joueur, club, Milan Channel… tous ont la même version. Pato n’a aucune intention de partir, Milan est sa maison, il veut continuer sa carrière ici… Ils ont été obligés de tourner l’histoire de cette manière, d’une part pour justifier les annulations des transferts sans avouer que cela vient d’une divergence entre Berlusconi et Galliani mais aussi pour que Pato soit vu comme un gentil garçon et pas considéré comme un joueur qui reste parce qu’il n’a pas eu le choix. Le message du site officiel de Milan est une grosse mascarade, fruit du travail de la cellule communication. Finalement, ils font croire que l’amour de Pato pour Milan est plus fort que tout, c’est l’amour qui a gagné et pas l’argent… mais bien sur. Qui d’autre que Berlusconi aurait pu avoir le pouvoir de bloquer toutes ces opérations multi-millionnaires? Un joueur de foot avec peu de caractère qui a déjà affirmé que c’est au club de s’occuper du mercato? Ce ne serait pas la première fois que Berlusconi court-circuite les opérations de Galliani. Le président n’a pas du tout apprécié la photo de l’administrateur délégué au restaurant avec Tevez en affirmant « Pourquoi montrer la peau de l’ours avant de l’avoir tué? » Il s’en fout complètement de mettre Galliani dans l’embarras et finalement, il tourne l’histoire comme il en a envie!
Et maintenant? Tout reste suspendu. Cette mascarade aurait même pu être calculée pour faire croire à Manchester City que Pato veut rester et que par conséquent, Milan ne peut pas proposer mieux qu’un prêt avec option d’achat (et non obligation) pour Tevez. Cela semble improbable mais alors pourquoi Tevez continue à attendre et à espérer rejoindre Milan? Et pourquoi à la question « Vous allez relancer City pour Tevez?« , Galliani a répondu « On verra« ? Milan semble tenter le tout pour le tout afin de garder Pato jusqu’en juin (et le vendre plus cher) tout en engageant Tevez en prêt avec option d’achat. D’ici le 31 janvier, l’arrivée de Tevez reste possible alors que Pato devrait rester au moins jusqu’en juin.
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