Gageons que l'ultime production de Marcel Maréchal époque "Tréteaux de France" aura toutes les peines du monde à rivaliser avec l'autre "Bourgeois Gentilhomme" de la rentrée, présenté à la Porte Saint-Martin et dont nous reparlerons sous peu, tant il fait figure de simple spectacle de patronage.
Sans inspiration, scolaire, au ralenti, aux quelques rares effets loupés, la mise en scène de cette pourtant formidable comédie de Molière peine à provoquer les rires d'une salle assoupie qui ne se réveille qu'aux apparitions et interventions d'Agnès Host en Madame Jourdain, seul membre de la distribution à insuffler un peu d'énergie, de rythme, et surtout de justesse à la représentation. Car de justesse, faute d'être dirigés, l'ensemble des comédiens en manque cruellement. Pire, ils ont l'air de ne pas y croire. Très vite on cesse de compter les scènes ratées ou bâclées. D'entrée de jeu, l'irrésistible leçon de philosophie fait un four. La cultissime scène du rire de la servante Nicole, découvrant la façon dont son patron est affublé, qui devrait pourtant déclencher l'hilarité générale ne fonctionne pas. J'en passe... Quant à Marcel Maréchal, il semble pour sa part totalement absent et n'est pas même l'ombre d'un Monsieur Jourdain convaincu et convaincant.
Pour ponctuer le tout, une musique aussi lourde et molle que le reste, au rendu "informatico-electro-Bontempi" cheap à pleurer, sert de support à quelques pas grossièrement chorégraphiés censés trouver leur apothéose dans la célèbre cérémonie du Mamamouchi, ici d'une longueur incommensurable, et qui ferait preque passer le spectacle de modern jazz de votre petite nièce pour un bijou de danse contemporaine...
Nous nous arrêterons là. Si cette production a rencontré un écho favorable auprès d'un public rural moins exigeant que les spectateurs citadins (ceux-ci ayant accès à davantage de propositions théâtrales), nul doute qu'elle n'est pas de taille à affronter le public parisien.
Photo : Lot