Après l'appel aux candidats de Nicolas Hulot en 2007, le mouvement France Nature Environnement dévoile un ensemble de mesures qui devraient inspirer les candidats à l'élection présidentielle. L'association, qui organise un congrès le 28 janvier prochain, souhaite ainsi que les participants s'engagent sur la voie d'un "Contrat environnemental".
Le bilan du quinquennat de Nicola Sarkozy dressé par France Nature Environnement le jeudi 12 décembre à la Rotonde de Paris n'est pas des plus réjouissants. En matière d'environnement, l'année 2011 n'a pas été à la hauteur des espoirs suscités en début de mandat.
De renoncements en renoncements...
S'il n'est pas question de renier le Grenelle de l'Environnement, "moment fondateur", selon Benoît Hartmann, porte-parole de l'organisation,"on est loin du deal écologique promis." A titre d'exemple, il cite les échecs du Grenelle des ondes, du Grenelle de la mer, de la table ronde sur les risques industriels, de la table ronde sur l'efficacité énergétique et du récent décret sur les nitrates... Dans tous ces domaines, les effets d'annonce plein de promesses, sont tombés à plat quand il a fallu passer à l'action. "Les responsables politiques se sont tous mis d'accord sur la nécessité d'agir mais nous ne sommes pas capables d'aligner des mesures qui reprennent ces annonces" déplore Benoît Hartmann.
Côté fiscalité, FNE relève aussi de nombreux déboires : taxe carbone censurée par le Conseil constitutionnel, bonus-malus automobile affaibli par le dispositif de prime à la casse, retard de la taxe kilométrique poids lourds (reportée en 2013). Elle regrète que "la substitution d'une fiscalité environnementale à la fiscalité sur le travail" n'ait pas eu lieu.
L'action des lobbies, que ce soit dans l'énergie, l'agriculture, les transports routiers ou la gestion de l'eau, a été un frein majeur. Aucun n'enseignement n'a ainsi pu être tiré de la catastrophe de Fukushima, "l'Etat, actionnaire majoritaire des lobbies électriques ayant refusé de soumettre l'énergie nucléaire au débat." Pour FNE l'épisode "Gaz et huiles de schiste" est également très instructif :"Outre les risques qu'ils font peser sur l'environnement, l'exploration et l'exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels ont été un signal laissant penser que certaines décisions sont prises en catimini, remettant en cause la volonté de transparence affichée lors du Grenelle" dénonce-t-elle.
Un débat sur l'environnement le 28 janvier prochain
"Il faut susciter un dialogue environnemental comme il a eu un dialogue social au XXe siècle", a déclaré Bruno Genty, Président de FNE, pour conclure la conférence de presse sur une note d'espoir. Un dialogue qui pourrait commencer lors du Congrès organisé à Montreuil, le 28 janvier prochain. François Bayrou (MoDem), François Hollande (PS), Eva Joly (EELV), Corinne Lepage (Cap21) et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) ont déjà confirmé leur présence. Ce rassemblement sera ainsi le premier grand débat de la campagne consacré aux problématiques environnementales.
Au préalable, FNE a demandé aux différents partis de prendre connaissance d'une série de propositions rassemblées dans "l'Appel des 3000" (sous-entendu, les 3000 associations qui adhèrant à la fédération). "A la différence du Pacte écologique de Nicolas Hulot, on ne demande pas aux candidats de signer ces propositions", a précisé Bruno Genty qui souhaite néanmoins qu'elles soient débattues.
Le "livre blanc" de l'Appel des 3000 est consultable sur le site Internet de FNE.
Agriculture, Biodiversité, Energie : les trois chantiers prioritaires selon FNE
En matière d'agriculture la proposition phare de FNE est la réorientation des aides de la politique agricole commune, dans le sens d'une réduction drastique de l'utilisation de pesticides et la conversion d'au moins 20 % de surfaces agricoles en agriculture biologique d'ici 2020. Elle demande également l'interdiction de l'utilisation des OGM dans l'alimentation animale, des mesures efficaces pour s'attaquer aux causes de la prolifération des algues vertes et l'obligation dans toutes les exploitations agricoles d'avoir une part de 10 % de la surface dédiée à la nature.
En raison de l'urbanisation croissante et des pratiques agricoles intensives, la France perd l'équivalent d'un département tous les sept ans. Contre ce qu'elle appelle le "gaspillage du patrimoine naturel", FNE demande donc la mise en place d'"outils efficaces de lutte contre l'étalement urbain et en faveur de la préservation de la biodiversité". Elle suggère par exemple, l'institution d'une agence de la nature et de la biodiversité, ou la mise en cohérence des documents d'urbanisme avec la Trame verte et bleue.
Dans le sillage de Fukushima et pour faire face à la précarité énergétique qui touche une majorité de Français, FNE demande la création d'un fonds d'efficacité énergétique permettant d'injecter 20 milliards d'euros afin d'assurer la suffisance et l'indépendance en énergie, en finançant par exemple la rénovation des bâtiments. Le fonds permettrait de préparer une éventuelle sortie du nucléaire en favorisant les énergies renouvelables mais aussi, en mettant en place une taxation des activités polluantes.
Alicia Muñoz