[Feuilleton] Mont Ruflet d'Ivar Ch'Vavar - 18/41

Par Florence Trocmé

Mont-Ruflet 
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar 
18e épisode 
Résumé de l’épisode précédent : Croisant Alice, le garde-chasse a dit quelque chose qu’elle n’a pas compris. Il lui a semblé qu’il pleurait. Ses cuisses à elle étaient (sous la jupe) comme des cloches dans un clocher. Alice a peut-être été peinte par Karl Schmidt-Rottluff ou André Derain. 
 
Rmenté par cette idée que deux chemins parallèles ne 
Se rencontrent jamais.Et parallèlement au chemin de 
L’Alice il courait — la langue flottante et déboutonné. 
Il courait en écartant les branches  sa langue ondulait 
Derrière lui dans l’air et on voyait les gros boutons de 
La sorte de salopette qu’il portait. Là-bas (je dirai, sur   (890)    
La gauche, de mon point de vue)  le soleil tout ensavo 
Nné se couchait.. L’horizon dressait de grêles idéogra 
Mmes, pattes de faucheux ; ça tremblait un peu (mais    
Peut-être était-ce un effet de la distance ?  ou que tout 
De même, le temps se transvasait de lui-même  en lui-
Même, ce qui induit, oui... un tremblé ?). Il y avait des 
Phasmes, encore, sur l’horizon,  et ils étaient en phase 
Avec mes phantasmes, disons.  Le grand vent ramène 
Sa fraise...et exhibe en beuglant,  de fait, une amygda 
Le hypertrophiée (l’autre est par trop rencoignée :  on      (900) 
Ne peut donc rien en dire et quant à la luette, eh bien 
C’est une mise en abyme.. mais on ne sait pas trop de 
Quoi (pour ma part,  je n’en ai pas la plus petite idée). 
Et Patouillard est le nom de ce vent. Et,déjà en vue, la 
Maison est tout emmeringuée, le ponant enluminé va 
À l’instant y mettre  des cloques de reflets,  de couleur  
Soufrée à orange. Et c’est là,ne payant (certes) pas de 
Mine, lavée au lait de chaux, une chaumine. - Dès qu’ 
On s’approche une lanterne se tient allumée. Qui s’en 
Toure  d’une aura bruissante comme si toute une trou      (910)    
Pe de criquets invisibles stridulait là,   laquelle irrésisti 
Blement évoque la barbe-à-papa. Tout ça a une patte, 
Une excroissance, sur la poignée de la porte. Une fois 
Dedans (la porte s’est ouverte d’elle-même),  les nains 
Grouillent aux solives ;  dans la pénombre qui est une 
Salive... Les mains, dis-je, grouillent aux solives, mais 
Ce sont de grosses araignées,  et c’est pure curiosité si
Elles sortent de leur trou  quand un visiteur assez fou 
Entre dans l’antre. Elles arrivent en trottinant, se dan 
Dinent sur leurs huit gros doigts (plutôt boudinés)  et      (920)    
Regardent, sourient, souvent. Et certaines sont venues 
Avec leur tricot, leurs aiguilles.  Nous avançons en pa 
Ssant une main dans nos cheveux, il y a ceci à voir, et 
Cela ; on sourit, on regarde aussi, on garde quand mê 
Me le cou enfoncé dans le col du vêtement.  La table ?    
Elle gigote, elle a en plus la tremblote...  et tous les ver 
Res chevrotent dessus. Les chaises ?   elles vont et vien 
Nent, très préoccupées, et le menton dans la main (ne 
Songeons pas à nous asseoir). Le lit ? il est dans l’alcô 
Ve, derrière un rideau. Et ce rideau, c’est toute une hi      (930) 
Stoire qui s’y souffle, qui s’y bosselle, il y a une lumiè 
Re derrière, et, devant, des ombres chinoises, incertai 
Nes, mal accrochées. Tu passes, lecteur, la tête l’épau 
Le entre les pans du rideau de lit... veux-tu nous dire 
Ce que tu vois ? (Le lecteur répond :) de suite la chan 
Delle, tout émoustillée, la flamme qui n’arrête pas de 

prochain épisode lundi 16 janvier 2012