« Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal ». Les deux derniers versets de la prière chrétienne Le Notre Père résument Le Diable de Tolstoï et cela bien que l’histoire n’ait aucun caractère religieux.
Comme vous l’avez sans doute deviné, Le Diable de cette nouvelle est une femme… qui n’a rien de diabolique. C’est pourquoi on ne peut s’empêcher de rire de la naïveté du héros, Eugène Irténiev. Le malheureux souffre de tentations charnelles et culpabilise sans cesse : il se reproche d’avoir une maîtresse quand il est célibataire ; puis une fois marié, il se désole de tromper sa femme… en pensées !
Généralement, les auteurs réservent aux personnages féminins ces dilemmes moraux et ce renversement des genres contribue à ce que le lecteur s’attache au pauvre Eugène. On le plaint, on se moque gentiment de lui, on a envie de le secouer un peu ! Un homme « adultère » comme on en voit peu en littérature.
En outre, Léon Tolstoï se révèle maître du suspense, car jusqu’au bout, on se demande si Eugène va succomber…