Grâce à un buzz habilement mené, la presse française a relayé dans l’ampleur l’arrivée tonitruante de l’opérateur Free sur le marché du mobile. La surprise n’a pas vraiment abasourdi tant tout le monde s’attendait à des « propositions fracassantes » : une offre en illimitée et sans engagement à 19,90 € par mois et même une offre à 2 euros réservé aux détenteurs de la Freebox qui permet de téléphoner 1 heure et d’envoyer 60 SMS.
La messe est-elle dite pour les autres opérateurs qui devront peu ou prou s’aligner sur ce nouvel étalon-or ? Pas si sûr.
Xavier Niel, le patron de Free se compare au regretté Steve Jobs, l’incarnation d’Apple, il en imite les grand-messes journalistiques, la dégaine, l’arrogance et l’esprit « révolutionnaire ». Or, il ne lui arrive pas à la cheville !
Xavier Niel n’a pas l’élégance de Steve Jobs, encore moins le génie créatif, ni l’esprit intuitif à comprendre le monde dans lequel il vit pour anticiper de nouveaux services, de nouvelles postures, de nouveaux produits. Xavier Niel n’a que la trivialité du vil commerçant prêt à toutes les bassesses pour attirer des clients dans son bouclar. Mélange de Ténardier et de Michel-Edouard Leclerc, Xavier Niel joue sur la corde sensible et démago du pouvoir d’achat, il se prend pour Robin des Bois (sic !) pour vendre des offres ultra low cost entrainant le marché vers le bas et avec lui de la destruction de valeur. Et c’est là où sa pâle imitation de Steve Jobs est une imposture : l’ex-patron d’Apple était un formidable créateur de valeur qui a tiré le marché high-teh vers le haut avec des standards vraiment révolutionnaires suivis par tous ses concurrents et surtout en ne cassant pas les prix, bien au contraire, Apple a l’aura d’une marque de luxe, pendant que Free a l’attractivité d’un hard discounter.
Si de toute évidence, Xavier Niel va obliger les autres opérateurs à s’aligner, si de toute évidence Free va gagner en moins d’un an un million de clients, ce que les Français vont découvrir c’est que Free est aussi un destructeur d’emplois potentiels. En effet, il peut se permettre de brader ses offres parce que sa structure de coûts fixes est réduite par un nombre de salariés limités : 5 000 pour son groupe Illiad contre 100 000 chez Orange, 10 000 chez SFR et 9 000 chez Bouygues Telecom… Les concurrents de Free vont-ils être forcés de réduire leurs voilures pour s’ajuster à la perte de clients et aux rabais qu’elles devront s’imposer ? Quand on casse les prix, il faut s’attendre à de la casse sociale…
Comme d’habitude, les consommateurs qui sont aussi des salariés et des citoyens ne voient pas plus loin que le bout de leur portemonnaie, et ils descendront dans la rue pour réclamer la protection de leurs acquis sociaux et des emplois perdus dans les limbes du low cost. Le beurre, l’argent du beurre, mais sans la crémière qui se retrouve au chômage…