Le livre de Philippe Forest est donc un formidable livre sur la littérature, sur la vie. Et sur la manière de mener sa barque dans l’existence. « Dans l’épisode de « Charybde et Scylla », il s’agit d’échapper à la fois à l’idéalisme et au matérialisme : Platon et Aristote. Dans celui des « Rochers errants », de ne succomber ni à la religion ni à la politique : le Christ et César. Joyce place au centre exact de son récit toutes les forces néfastes auxquelles, pour continuer son voyage, le héros doit se soustraire. »
En le lisant, en me laissant égarer dans ce labyrinthe (ci-contre Labyrinthe de Pistoletto au Centquatre à Paris), j’accepte de cheminer en écoutant celui qui me parle et, « une fois accomplie ensemble la traversée du temps, l’auteur et le lecteur ne font plus qu’un. Tout ce qui arrive au premier est l’affaire du second. Et vice versa. »
Il se peut que je cherche le mot, la révélation, ce qui expliquerait toute vie. Ce mot, le secret absolu, qui n’ouvre pourtant aucun Eden, puisque l’Eden n’existe pas, « ni devant, ni derrière soi », est-ce le dernier mot d’Ulysse ? Et, si c’était le cas, pourquoi James Joyce aurait-il continué à écrire ? Me revient en tête cette phrase de Giacometti, que je cite de mémoire : si je réussissais à peindre une chaise, je ne recommencerais pas ; c’est parce que je rate que je recommence.