Un homme jetable, d'Aude Walker, aux Editions du Moteur, dans la catégorie Engagé, 91 pages, 12€50.
Jules est jeune. Il est attiré par le nucléaire. Il est fasciné par les centrales. Il est poussé par une adrénaline incontrôlable. Il commence en CDD à Tricastin. Tous ces hommes qui travaillent dans ces centrales, qui mettent leur vie en danger en se rapprochant au plus proche du nucléaire ne travaille qu'en CDD. Ils vaquent de centrale en centrale, sur tout le territoire de la France. On appelle ces hommes, des "hommes jetables". Ils sont condamnés à côtoyer de très près le nucléaire, la maladie, la mort.
Jules est en quelque sorte conduit par Fernand (un décontaminateur) dans la centrale. Fernand travaille dans le bâtiment réacteur : le plus dangereux. Il l'y emmène. Jules est fasciné, et veut s'approcher au plus près du cœur de la centrale. Il n'a pas peur : la mort ne lui fait pas peur. Sauf que Fernand, plus âgé que lui, connait les dangers, et ne supporte pas que Jules, si jeune, s'en approche tellement.
Court roman, ou longue nouvelle, peu importe, Un homme jetable dérange. Il montre ce qu'on ne sait pas nécessairement. On connaît vaguement ces hommes, mais ici on les voit au centre de leur travail, avec les principaux dangers qui les touchent. La maladie, la mort, sont bien là, presque inévitables. La peur aussi. Ces hommes connaissent les dangers, et pourtant, ils s'y frottent : c'est leur travail. Aude Walker évoque un thème d'une grande importance dans ce texte, et dont on ne parle que trop peu, il me semble. Un texte engagé en cette rentrée littéraire 2012.
"Ah, si ! Il y en a un que j'ai lu et aimé : Un homme jetable d'Aude Walker (Les Editions du Moteur). L'auteur de Saloon (2008) s'y met dans la peau d'un ouvrier de centrale nucléaire, irradié, moribond. Roman percutant, avec un effet secondaire dangereux : il donne très envie de voter pour Eva Joly."
Frédéric Beigbeder, Lire.
Editions du Moteur