RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Je reçois Nicolas Demorand !
NICOLAS DEMORAND : Bonsoir, Renan !
R. A. : Alors, Nicolas, Libération a déchaîné les passions cette semaine en annonçant à sa « une » que 30 % des Français n’excluaient pas de voter Le Pen…
N. D. : Oui, c’est terrible, nous vivons une ère où les idées du Front National se sont banalisées ! Il faut agir, et vite !
R. A. : Oui enfin, ce chiffre n’est pas si inquiétant que ça : 30 % des Français qui n’excluent pas de voter Le Pen, ce n’est pas non plus la majorité absolue : ça veut aussi dire 70 % des Français qui excluent de le faire !
N. D. : Mais ouvrez les yeux, c’est gravissime, un scénario semblable au 21 avril 2002 peut se produire !
R. A. : Ça, ce n’est pas dit : après tout, ce sondage ne reflète que l’opinion de ceux qui y ont répondu, à savoir environ 2000 personnes, donc un vingt-millième du corps électoral : dire « 30 % des Français », c’est s’avancer un peu…
N. D. : Mais il faut prendre le menace au sérieux ! La peste brune est à nos portes ! Il faut faire barrage à Le Pen !
R. A. : D’accord, mais quand on découvre les chiffres précis, on découvre que pour arriver à 30 %, vous avez additionné les 12 % de « non, probablement pas » aux 18 % de « oui, certainement » et de « oui, probablement »…
N. D. : Cessez de minimiser les faits, la République est en danger !
R. A. : Bof, avec 18 % de « oui » en sa faveur, Le Pen a perdu 6 points en quelques mois…
N. D. : Bon, ça suffit, à la fin ! C’est facile de critiquer quand on n’a pas de version papier à vendre !
R. A. : Pardon ?
N. D. : Vous n’êtes pas au courant qu’à Libé, on n’en finit pas de perdre des lecteurs ? À ce train-là, on connaitra bientôt le même sort que France-Soir ! Alors vous n’allez pas nous reprocher de faire des unes « choc » pour essayer de booster un brin les ventes !
R. A. : Hein ? C’est…
N. D. : Et puis on est en campagne, je vous rappelle ! Si on veut que les électeurs fassent comme on a prévu, il faut les pousser un peu au cul et leur filer un brin les chocottes pour qu’ils votent « utile » dès le premier tour !
R. A. : Hum ! Ce n’est pas très moral, tout ça…
N. D. : La morale, la morale… Ce que vous êtes vieux jeu ! On bosse pour Rothschild, je vous rappelle ! Tu crois que Rothschild, il nous paie pour qu’on prenne le risque de laisser Mélenchon, Poutou, Arthaud ou Joly passer au second tour ? Si on veut un second tour Hollande-Sarkozy, ‘faut mettre le paquet ! Alors ne nous reprochez pas de faire notre boulot ! Laissez-nous désinformer en paix et les électeurs seront bien gardés !
R. A. : Ah, pour ça, on peut vous faire confiance ! Allez, kenavo !