Mosaïque de Penthée à Nîmes

Publié le 04 mars 2008 par Caroline

Nîmes contient d’innombrables trésors enfouis que le hasard de travaux permet parfois de mettre à jour. C’est le cas de cette mosaïque extraite lors de fouilles faites lors de la construction d’un parking. Les travaux ont été interrompus pour permettre à l’Inrap de faire les relevés nécessaires et extraire ce qui pouvait l’être. Et puis, le XXIè siècle reprendra ses droits et le béton recouvrira tout cela pour faire place au tout automobile. Parmi ce qui a été prélevé, il y a cette magnifique mosaïque de 35 m2 dont la restauration vient de s’achever. En premier lieu, on a pensé que le motif central représentait Bacchus terrassant un géant, mais actuellement, les experts semblent pencher pour dire qu’il s’agirait en fait de l’assassinat de Penthée par Agavé, sa mère.     L’histoire de ce drame est racontée par Eurypide dans Les Bacchantes (appelées chez les romains Les ménades ). Bacchus qui voulait la peau de son ennemi, Penthée (celui-ci refusait de le reconnaître comme un dieu) n’a pas trouvé mieux de d’ourdir une machination, ma foi, bien calculée. En effet, Bacchus a entraîné les femmes dans la forêt et les a poussées à faire une teuf à tout casser (à cette époque, on appelait ça des bacchanales). Le vin y coulait à flot ! Complètement pétée, Agavé a tué Penthée sans même se rendre compte que c’était son fils. Bacchus s’était vengé d’une façon tordue, certes, mais vengé quand même.   Masques de théâtre, oiseaux, les quatre saisons ornent le reste de la mosaïque. La restauration achevée, elle est visible jusqu’à la fin du mois de mars à la Chapelle des Jésuite avant d’aller rejoindre le musée archéologique, musée vétuste qui n’est pas à la hauteur des trésors qu’il abrite. En effet, il contient un fragment de la collection Campana, celui concernant les céramiques grecques, mais surtout, tous les vestiges antiques trouvés à Nîmes. Et ce n’est pas rien ! Il est regrettable que la ville ait nié ce passé romain prestigieux au profit d’espagnolades de pacotille.  Nîmes s’est accaparé un folklore taurin qui a envahi tous les espaces culturels et conviviaux de la ville en tournant le dos à ses origines. Impossible d’entrer dans un bar ou un restaurant sans qu’un élément de la décoration rappelle la corrida ou le flamenco. Tant pis pour ceux que cela rebute. Non loin de là, sa soeur ennemie, Arles, a su construire un musée pour exposer son patrimoine antique et même y présenter des expositions temporaires de prestige, comme d’Ingres, par exemple, dont j’avais parlé, il y a un peu plus d’un an.  Visiblement, à Nîmes, on pense que le touriste aficionado est plus intéressant que le touriste amateur d’archéologie. C’est un choix et personnellement, je le regrette.