
La Folle du logis, que j’ai pris tout d’abord pour un roman, est en réalité un essai sur le métier d’écrire. Tout romancier professionnel, depuis Henry James jusqu’à Vargas Llosa en passant par Stephen King, Montserrat Roig ou Vila Matas, éprouve ce désir urgent et impérieux d’écrire sur l’écriture. C’est chez lui comme une sorte de manie obsessionnelle Pour Rosa Montero, la fiction est l’art primordial des humains et nous inventons nos souvenirs, nous nous mentons, nous nous leurrons, nous déformons le passé. C’est ainsi que les souvenirs de l’histoire commune d’une famille sont totalement différents pour chacun des enfants.
Mais d’où vient ce plaisir à inventer des histoires si ce n’est pour se sentir éternel? C’est aussi toujours contre la mort que l’on écrit.
Rosa Montero s’interroge ici sur «La folle du logis», cette imagination, force et fragilité à la fois de tout romancier. Elle passe en revue ce qui a fait la grandeur et la décadence de quelques auteurs de fiction parmi les plus grands. C’est Zola qui refuse de signer le manifeste de soutien à Oscar Wilde et qui, trois ans après, prend la défense de Dreyfus. C’est Goethe qui arrête le récit de sa vie au moment précis où il accepte l’offre de Weimar. C’est Truman Capote qui « s’effiloche» avec le succès de son reportage romancé: «De sang froid». C’est enfin Melville qui sombre dans la violence après le mauvais accueil fait à «Moby Dick» . Ce chapitre fait partie de mes préférés.
Elle évoque aussi ses créations et la part de mystère et d’incontrôlable qui n’échappe à aucune d’entre elles comme la présence constante et le plus souvent inconsciente des personnages de nains ou de naines récurrents dans tous ses livres. «Il ne faut pas trop grandir. Qui sait, c’est peut-être la raison de mon attirance pour les nains.»
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Ce livre, je ne l’ai plus quitté une fois commencé mais je l’ai hérissé de post-in au point de m’y perdre en le reprenant pour écrire ce billet. Trop, c’est trop! Il est si riche en belles citations, les réflexions y sont si justes que je ne sais plus où donner de la tête et le résumer me semble une entreprise impossible. Les citations sont si nombreuses et si bien choisies dans les billets des blogueuses qui m’ont précédée que je vais m’abstenir d’en écrire davantage. Ont présenté ce livre aussi: Keisha,Dominique, Tania, Colo, Clarabel, La folle du logis de Rosa Montero. Traduit de l’espagnol par Bertille Hausberg (Métailié, 2004, 204 p.)