Les faits évoqués par Le Monde dans son édition du mercredi 11 janvier sont graves. Selon le quotidien, en 2007, l’Inspection générale des services de la Police, chargée de réprimer les écarts et les dérapages des services, aurait monté de toutes pièces un dossier visant une prétendue affaire de trafic de titres de séjour au sein de cette administration.
La machination, si elle est judiciairement avérée, visait à faire le ménage dans la hiérarchie policière en compromettant notamment un haut fonctionnaire, Yannick Blanc, proche de la gauche. Trois de ses collaborateurs ainsi qu’un policier chargé de la sécurité de Daniel Vaillant avait été mis en examen dans ce même dossier mais seul Yannick Blanc, ancien directeur de la police générale, avait été placé 48 heures en garde à vue dont il était sorti sans qu'aucune poursuite ne soit diligentée à son endroit. En janvier de cette année, la Cour d'appel de Paris clôturait le dossier par un non-lieu à l'égard des quatre fonctionnaires injustement mis en cause.
Le cœur du scandale, une nouvelle fois si les faits sont confirmés, serait comme l'avance Le Monde la présence de falsifications de toutes sortes opérées par l'IGS elle-même pour compromettre les quatre fonctionnaires.
Les journalistes du Monde sont catégoriques : "L'Inspection générale des services (IGS), la "police des polices", a sciemment truqué, en 2007, une procédure portant sur un éventuel trafic de titres de séjour au service des affaires réservées. Cela afin de nuire, à l'approche de l'élection présidentielle, à Yannick Blanc, alors directeur de la police générale, à son adjoint Bruno Triquenaux et à Christian Massard, un policier affecté à la sécurité de l'ex-ministre de l'intérieur Daniel Vaillant"..
Désormais c'est l’IGS, le service chargé d’assurer la déontologie de la police, qui est visée par une enquête judiciaire avec des chefs d’accusation éloquents : "faux en écritures publiques", "violation du secret de l’instruction", "dénonciation calomnieuse" mais aussi "violences volontaires".
Un tel dérapage n'est pas possible sans une commande politique explicite au plus haut niveau. Tous les regards se tournent naturellement vers les "tauliers" du ministère lors des faits : le duo infernal Sarkozy-Guéant respectivement ministre et directeur de cabinet. L'affaire en rappelle une autre : l'épisode de l'espionnage de journalistes du Monde par la Direction centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) dans l'affaire Bettencourt.
A ce rythme, la France de Nicolas Sarkozy n'aura rien à envier à la Hongrie de Viktor Orban. Le plus triste est que ce dernier s'abrite déjà derrière les pratiques françaises pour justifier le caractère démocratique de ses réformes.