Un rapport pour rien ? L’analyse de la Cour des comptes ouvre plus de questions qu’elle n’offre de réponses sur le coût du nucléaire en France. Si l’organisme de contrôle des finances publics chiffre le montant des investissements consacrés à la construction de centrales nucléaires depuis les années 1950 (96 milliards), il avoue ses « incertitudes » face aux montants à provisionner pour assurer l’avenir.
Principale question posée par le rapport, celle du coût de la déconstruction et du démantèlement des centrales nucléaires. C’est la principale pomme de discorde depuis des années entre partisans et opposants à l’atome. Ce chiffrage peut en effet modifier en profondeur le prix du kilowatt nucléaire… et par conséquence la pertinence économique de l’énergie nucléaire.
La Cour des comptes prend pour base de calcul les chiffres avancés par EDF, exploitant unique du parc nucléaire français, soit des charges liées au démantèlement de l’ordre de 22,2 milliards d’euros, mais précise que ces chiffres « doivent être regardés avec la plus grande précaution » compte tenu du manque de recul sur la question.
Et du recul, la Cour des comptes devrait en avoir un peu plus dans les mois à venir avec les premiers retours du démantèlement en cours du réacteur Chooz A, la première déconstruction en France d’un réacteur à eau pressurisée (d’autres réacteurs de type graphite-gaz ont déjà été démantelé dans l’hexagone), comme les 58 réacteurs actuellement en service dans le pays.
Autre question qui reste en suspens : le coût de la gestion des déchets longue durée. La Cour des comptes se base sur des chiffres de l’Andra de 2003, qui ont depuis plus que doublé et sont passés de 15 à 35 milliards d’euros. De quoi faire dire aux auditeurs que les coûts ne « sont pas stabilisés » et qu’il y a donc « un doute manifeste sur le bon niveau des provisions d’EDF, d’Areva et du CEA ».