Résumé:Marc Bajau est représentant d’une marque de chaussettes. Il sillonne les supermarchés de Paris à Dijon, passant d’un hôtel à une femme d’un soir. Il croise une jeune maman sans papier poursuivie par la police. Au petit matin, il réalise qu’elle lui a laissé son fils de 6 ans, Lucas, un petit métis qu’il doit déposer chez son « père » dans le Midi. Contraint et forcé, voilà Marc qui prend la route, une route qui va changer sa vie...
Critique :10 jours en or est un premier film qui a mis deux ans à sortir sur nos écrans. Comme le temps passe. C’est à la fois normal et dommage. Normal, car il est vrai que l’intrigue un peu maladroite et démonstrative de Nicolas Brossette qui signe ici sa première réalisation ne marque pas de façon indélébile le « spectateur d’attention moyenne ». On se souviendra toutefois de la violence avec laquelle la police sarkozienne embarque femmes et enfants d’un squat d’Ivry et on rendra hommage au fonctionnaire qui, comme dans Monsieur Klein de Joseph Losey, regarde « ailleurs » pendant la rafle et laisse filer Marc et Lucas sur les toits.
Pour le reste, même si le road movie est entrainant par nature et même si l’on rit parfois de bon cœur (notamment parce que Lucas est à la fois en retrait et impayable lorsqu’il pousse son cri monocorde), le fil de l’histoire se déroule placidement et l’on imagine vite, malgré les détours qui mènent finalement dans le Sud, l’heureux dénouement. Marc au terme de ce cheminement initiatique, réconcilié avec l’image du père absent, devient à son tour le père d’adoption du petit métis abandonné.
Dommage néanmoins d’avoir attendu si longtemps pour découvrir et apprécier la performance de Franck Dubosc qui tire incontestablement son épingle du jeu – de son jeu tout en retenu et en émotion – d’un premier film imparfait. Il sait à la fois faire passer la grisaille d’un VRP au bagou très rodé qui rappelle Dustin Hoffman dans Mort d'un commis voyageurmais aussi l’émotion sincère d’un homme très seul qui découvre l’altérité. Il croise d’ailleurs des personnages aussi paumés que lui et l’enfant dont il a la garde : la belle Marie Kremer, troublante en fausse routarde perdue et l’impeccable Claude Rich, veuf intriguant et illuminé. Des personnages avec qui il va constituer un vrai «famille recomposée » autour de l’épatant Lucas joué par le petit Mathis Touré. Une « troupe » dont le charme et le talent séduisent incontestablement.
Mais, cet incontestable talent n’enlève pas au film son côté un peu scolaire et pas toujours convaincant.Trop de bons sentiments tuent le sentiment.
Arthur A.