Une étoile sur le rocher

Des coteaux de la rive droite au plateau de l’Opéra de Paris, il n’y avait que quelques pas. De danse, bien sûr, brillamment exécutés par Sébastien Bertaud. Le jeune Cenonnais devenu danseur à l’Opéra de Paris  est l’invité de marque du «Mois de la danse» organisé en janvier par la commune.

Après une série de masterclasses le week-end dernier au Château Palmer, il montera samedi soir sur la scène du Rocher de Palmer en compagnie de trois autres danseurs du très prestigieux Opéra de Paris : Aurélien Houette, Letizia Galloni et Léonore Baulac. Ensemble, ils exécuteront quelques uns des plus célèbres «pas de deux» du répertoire de la danse classique, qui seront expliqués et commentés par le pédagogue Gilbert Mayer. Pour les deux danseurs, c’est un retour aux sources : tous deux ont débuté dans les cours de danse d’Annie Cazou (directrice de l’école de danse de Cenon) et ont été repérés dans le cadre des stages pilotés chaque année depuis 25 ans par Gilbert Mayer. A l’Opéra de Paris, Aurélien Houette occupe aujourd’hui le rang de «sujet» (troisième échelon dans la «hiérarchie» des danseurs aprés «étoile» et «premier danseur») et Sébastien Bertaud celui de «coryphée» (quatrième échelon). Une belle réussite pour ce dernier, que rien ne prédestinait vraiment à ce parcours. Pas son milieu d’origine en tout cas, qui n’était pas lié aux pratiques artistiques. «Je faisais de la gym dans un club à la Bastide, se souvient Sébastien Bertaud. Un jour le cours a été fermé, je ne savais pas quoi faire d’autre. Quelqu’un m’a dit : «tu n’as qu’à aller au cours de danse dans la salle d’à côté, c’est presque pareil». Evidemment ça n’avait rien à voir ! Mais ça m’a plu.» L’année suivante il participe au stage de Gilbert Mayer organisé par Annie Cazou. Celle-ci le repère et le prend dans son école. Il est orienté vers le conservatoire de Bordeaux puis à 14 ans fait ses valises pour celui de Paris avant d’intégrer, sur les conseils et les encouragements de Gilbert Mayer, l’école de l’Opéra de Paris. C’est là que ses prédispositions et son travail éclatent vraiment. En 2000 Sébastien Bertaud est reçu premier au concours d’entrée du Ballet de l’Opéra. Depuis, il enchaîne les spectacles et les tournées sur les plus grandes scènes du monde.
Chorégraphe et... étudiant
Admiratif du travail de Pina Bausch ou Jiri Kylian  (des «chocs artistiques»), il commence aussi à écrire ses chorégraphies, s’attachant à faire la synthèse entre danse classique et contemporaine. « J’aime associer les nouvelles technologies, utiliser des musiques plus modernes, des mises en scène plus contemporaines », explique t-il. Un extrait de sa dernière création sera présenté samedi dans le cadre de la conférence dansée de Gilles Mayer au Rocher de Palmer. Lui qui n’était pas un élève particulièrement brillant, il suit désormais un master «Arts et politique» à Sciences Po. « L’école souhaite s’ouvrir à des parcours atypiques, explique le danseur. On m’a donc proposé de suivre un cursus adapté à mon activité (des cours tôt le matin, ndlr). Celle-ci reste évidemment ma priorité absolue. Mais nos carrières sont courtes, il faut avoir une pensée pour la suite...» Arrivé à mi-carrière, Sébastien Bertaud a de quoi bien occuper les mois et années à venir. Ca tombe bien, il s’ennuie en vacances.• SL

Spectacle commenté «Le pas de deux», samedi à 20h au Rocher de Palmer, 10-15€. Rens et résa au 05 56 86 38 43.

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