Aujourd’hui, je vous propose de partir en Allemagne, dans la ville de Leinefelde plus précisément. Petite bourgade de 20.000 habitants, Leinefelde est située sur l’ancien territoire de l’Allemagne de l’Est et, jusqu’en 1989, n’était pas un exemple de réussite en matière architecturale, comme le prouve cette photo.
Heureusement, les autorités locales se sont vite rendues compte, une fois le mur tombé, que la ville n’avait plus grand chose d’attractif, entre ses entreprises qui fermaient et son environnement immédiat qui n’était pas particulièrement agréable. C’est alors qu’est né au début des années 90, un projet de développement soutenable de la ville, en s’appuyant sur les trois piliers que sont l’écologie, l’économie et le social.
L’objectif a été d’impliquer au maximum les habitants dans toutes les démarches. Des réunions d’informations, des rencontres individuelles et des projections ont accompagné tous ces changements. Ainsi, il a été décidé de démolir 50% des logements existants et de remettre à neuf, suivant des standards environnementaux exigeants, les 50% autres. D’un coté, il a fallu reloger certaines personnes et de l’autre, profiter des périodes de vacances dans les logements, pour pouvoir les remettre petit à petit à neuf.
APPROCHE ENVIRONNEMENTALE
Lors des démolitions des immeubles, les entreprises ont fait en sorte de récupérer au maximum des matériaux, pour pouvoir les réutiliser dans d’autres chantiers. En procédant ainsi, des nouvelles techniques ont été développées et ont fait de ce chantier, un véritable laboratoire.
Coté réhabilitation, un effort particulier a porté sur l’isolation des bâtiments et des panneaux solaires ont été installés. Le système de drainage des eaux de pluie mis en place a permis de gérer le flux d’eau, récurant “naturellement” les égouts.
Ensuite, la place dégagée par la démolition de certains immeubles a servi à créer des espaces verts, des pistes cyclables et par conséquent, de favoriser la biodiversité. Avec une réduction de la densité urbaine et une végétalisation des espaces, les habitants se sont appropriés les nouveaux espaces….ce qui a entraîné une attitude protectrice de leur part.
APPROCHE SOCIALE
Face à une ville qui pouvait paraître inhumaine, l’objectif a été de réintroduire les services publics dans tous ces espaces. En récréant un lien entre l’Etat et les citadins, la ville a commencé à faire évoluer les mentalités. Toutes les écoles ont été rénovées et ont reçues des équipements très modernes (aires de jeux, ordinateurs, bibliothèques…). Des activités sportives ont également vues le jour.
Un journal local a été créé, tout comme des expositions et des rencontres, pour accompagner l’ensemble du projet. De plus, des rencontres régulières ont été instituées entre les locataires et les propriétaires des appartements, afin d’améliorer le dialogue et la compréhension entre tous.
APPROCHE ECONOMIQUE
En revitalisant la ville, des emplois se sont créés et actuellement, le taux de chomage dans la ville est de 14% ….à comparer au 16,7% de taux de chômage pour l’ensemble du Land. A ce jour, on compte plus de 2.500 entreprises dans la ville, ce qui en fait maintenant une véritable force d’attraction pour de nouveaux habitants. D’ailleurs, en 2006, la population augmentait de nouveau et cette fuite des citadins étaient enfin enrayée.
Ainsi, cette expérience qui sert de véritable laboratoire pour le Land de Thuringe mais aussi, pour l’Allemagne, a mis en avant les enseignements suivants :
- Qu’il est possible de faire évoluer les choses même dans un environnement à priori réfractaire, pour peu que le projet soit lancé rapidement et de manière cohérente
- Que les actions isolées n’ont pas de sens mais bien au contraire, une approche globale sur les trois piliers que sont l’économie, l’écologie et le social
- Que la qualité est un véritable gage de durabilité et que d’un point de vue architectural, il est important d’impliquer un maximum d’architectes pour créer l’émulation entre eux
- Le suivi d’un tel projet doit se faire par des équipes stables et solides
- Enfin, la transparence et l’information délivrées au public permettent de créer la confiance, nécessaire à des projets de cette envergure.
En 15 ans, environ 130 millions d’Euros ont été investis pour littéralement transformer une ville, dans une logique de développement durable. Un projet exportable chez nous, vous ne croyez pas?